La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mardi 4 juin 2024

Miaou, miaou, puisque je vous dis qu’elle n’est pas là !

 

Inaba Mayumi, La Péninsule aux 24 saisons, parution originale 2011, traduit du japonais par Elisabeth Suetsugu, édité en France par Picquier.

 

Une femme (qui se qualifie d’âge mûr et vit de travaux d’écriture) abandonne pour un an son appartement de Tokyo pour se poser dans sa maison qu’elle a fait construire dans la péninsule (je ne sais pas où, au Japon, au bord du Pacifique, à cinq heures de train au sud). Là, elle se pose, avec ses souvenirs, sa fatigue du bruit de la ville, son envie de silence, d’oiseaux et de fleurs, et son chat aussi.


Des choses de la mer arrivent sur le rivage. Où vont-ils, ces êtres vivants dont on peut percevoir le mouvement lorsqu’ils traversent furtivement la forêt qui fait suite à l’estuaire ?

Je me suis légèrement soulevée pour tendre l’oreille. Le bruit était semblable au froissement des feuilles mortes sur le sol. C’étaient peut-être les crabes ou les tortues dont parlais madame Kawahara.

C’est le début.


Il y a les voisins, dont les conversations rappellent qu’il n’existe pas de refuge et que partout il y a des petites histoires et des grandes tristesses.

Une lecture comme une tasse de thé bue dans le jardin, à l’écoute des oiseaux et des abeilles (il fait encore frais, mais chaque jour le soleil conquiert un centimètre et une minute supplémentaires) (lignes écrites en février), très reposante après La Fête au Bouc. Sans être de la grande littérature, ce fut un plaisir de lecture.

Il y a des tortues, des crabes, des lucioles.

Le livre se fait l’écho des réflexions que tout un chacun est capable de se faire sur sa propre vie, sur les choix que l’on a faits (ou pas), sur le choix d’un lieu de vie, sur ce que l’on croit être important et ne l’est plus, etc. C’est tout simple, mais c’est vrai, et cela peut être réconfortant d’en lire le récit dans un monde différent du nôtre.

Van Gogh, Melle Gachet dans son jardin à Auvers-sur-Oise (1890 Orsay)
 

En jetant un regard en arrière, j’ai pris conscience que les choses qui avaient eu un sens n’étaient plus que des enveloppes sans âme. Les chemins auxquels on était habitué, le petit restaurant de nouilles au sarrasin, le troquet qu’on aimait bien… Il ne restait plus rien. Plus rien n’était intéressant. Plus d’endroit qui suscite l’envie d’y aller. Plus rien qui allume la passion. Est-ce que vraiment j’allais vieillir ici ? Devais-je l’accepter ? Était-ce inévitable ? 

 

Je regarde autour de moi, tout n’est que falaises. En plus, à force d’être exposées au vent de la mer, elles sont pour la plupart déchiquetées, comme en lambeaux. Comme elles sont vides de désirs, comme elles sont sans aménité ! C’est cela qui m’a fascinée. Ces falaises que personne ne regardait m’ont apporté le calme.

 

L’avis de Marilyne.


 

 

4 commentaires:

je lis je blogue a dit…

Ce livre semble apaisant. Je l'avais déjà repéré quelque part... comme tant d'autres livres !

Dominique a dit…

un livre qui m'a beaucoup plu et dont j'ai fait une chronique
je suis d'accord avec toi cela vaut pour la différence de nos habitudes mais les émotions sont très proches des nôtres

nathalie a dit…

@JeLis : Oui je me doute qu'il n'est pas tout seul !

@Dominique : oui, c'est ce qui intéressant, on peut se projeter tout en prenant de la distance, c'est assez subtil.

Marie Gillet Bonheur du Jour a dit…

Je l'avais bien aimé, oui mais j'avais trouvé que cela manquait un peu de densité, peut-être en raison de la traduction ? Je ne sais pas. Mais j'en ai gardé un bon souvenir.