Jacques Ferron, L’Amélanchier, 1970.
Le récit est mené (soi-disant) à hauteur d’une petite fille de 5 ans, qui croit aux histoires que lui raconte son père. La maison, la pelouse pleine de pissenlits, le bois enchanté, l’amélanchier, arbre merveilleux, et les rêves qui sont autant de réalités. Elle imagine son père en voleur et la ville peuplée de monstres divers.
Pas facile de se repérer dans ce monde de mots. C’est une langue comme celle de l’enfance, mais où les mots, anciens, rares et magiques, abondent et campent un monde proche, mais un peu différent. Les lectures du père et les histoires imprègnent aussi cet imaginaire, notamment un Anglais très poli qui regarde toujours sa montre avant de disparaître et qui n’est pas sans faire penser à certain lapin.
Dès le premier printemps, avant toute feuillaison, même la sienne, l'amélanchier tendait une échelle aux fleurs blanches du sous-bois, à elles seulement ; quand elles y étaient montées il devenait une grande girandole, un merveilleux bouquet de vocalises, au milieu d’ailes muettes et furtives, qui annonçaient le retour des oiseaux.
Mais la petite fille grandit, va à l’école et oublie peu à peu comment accéder à ce monde. D’ailleurs le bois lui-même est rasé et transformé en lotissement. C’est un chapitre déchirant quand elle raconte le vrai métier de son père, geôlier dans une institution où sont entassés tous les enfants dits anormaux dont on ne veut pas. Portrait glaçant du Canada de l’après-guerre. Portrait touchant d’un garçon de 15 ans resté, lui, dans le monde de l’enfance. On comprend alors toute la portée du roman. C’est l’héroïne adulte qui raconte.Fortin, L'Orme à Pont Viau, 1928 MNBAQ
Mon enfance je décrirai pour le plaisir de me la rappeler, tel un conte devenu réalité, encore incertaine entre les deux. Je le ferai aussi pour mon orientement, étant donné que je dois vivre, que je suis déjà en dérive et que dans la vie comme dans le monde, on ne disposer que d’une seule étoile fixe, c’est le point d’origine, seul repère du voyageur.
C’est presque le début.
Notre bible se lisait ainsi : « Il y a eu trop de commencements des temps, on ne saura jamais où l’on est rendu si l’on veut les garder tous. Mise à part la naissance, seule irrémédiable, tous les départs sont sujets à reprises, les commencements à recommencements. L’espace est là tout autour qui joue de bons tours au temps en le replantant comme du blé. Pour relancer la genèse, il ne faut pas la prendre de trop loin. »
Je dois avouer que j’ai été contrainte de le lire un peu rapidement. Il faudra que je le reprenne en m’arrêtant davantage sur tout ce qui est dit, car c'est un bien beau texte.
auteur inconnu pour moi et je suis donc curieuse
RépondreSupprimerOh j'aurais cru que tu connaissais, comme tu es assez familière de la littérature québécoise.
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