La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



jeudi 13 janvier 2011

Où vous allez avec ce baril ! Avancez-le avant que j’vous l’fasse bouffer, espèce de f… bâtards d’une tortue fatiguée et d’un vieux cheval de corbillard. J’aurais aimé être capable de parler ainsi.

Disons-le tout de suite : Chez Mark et Marcel est une maison où Marcel prend toute la place, la présence de Mark étant plus discrète. J’ai découvert Twain un peu au hasard des bouquinistes. Je me souviens d’avoir ressenti immédiatement un grand plaisir à sa lecture et j’ai surtout réalisé que plusieurs aspects de la littérature américaine qui me plaisaient venaient en réalité de Twain, comme un auteur que l’on a déjà lu sans l’avoir jamais ouvert. Il est notamment l’auteur de Tom Sawyer et de Huckleburry Finn dont je parlerai plus tard, mais je commence avec...

Mark Twain, La Vie sur le Mississippi, traduit de l’américain par Bernard Blanc, Paris, Payot, 1992, 2 volumes. Première édition en 1883.

      La Vie sur le Mississippi est à la fois un livre autobiographique et un roman d’aventures qui décrit le monde des deux romans que je viens de citer. Mark Twain est le pseudonyme de Samuel Clemens, il signifie « par deux brasses de fond » et renvoie aux mythiques bateaux parcourant le fleuve.
      Twain raconte le fleuve, sa nature, ses sautes de caractères, sa découverte et son propre apprentissage pour devenir pilote sur le Mississippi (une profession digne de l'épopée). Il lui faut apprendre la forme du fleuve, les lignes capricieuses du rivage, les hauts et bas fonds, les courants, les lieux d’abordage, les souches, les épaves, les îles, pour naviguer de jour comme de nuit, par beau temps ou par brouillard, par crue ou décrue. Il doit naviguer sans être perturbé par l’apparence sans cesse changeante du Mississippi. Dans les deux sens, bien sûr ! Il dresse le portrait des pilotes mémorables, celui qui a une mémoire prodigieuse, celui qui est somnambule et prend la barre en dormant. Il raconte les courses de bateaux, les trafics de marchandises entre les villes, la Nouvelle Orléans.

Deux extraits pour donner un aperçu de la langue :  

Pour réaliser pleinement la merveilleuse précision requise pour garder le grand vapeur entre ses amers, dans cette étendue d’eau boueuse, il faut savoir que celui-ci doit prendre un itinéraire compliqué au milieu des chicots et des rochers immergés, pour raser la pointe de l’île de si près que les feuillages qui le surplombent balaient sa poupe, mais qu’il lui faut en outre, à un endroit, passer presque à portée de main d’une épave invisible, posée sur le fond, qui éventrerait par en dessous sa coque en bois si elle la touchait et détruirait en cinq minutes un quart de million de dollars de navire et de marchandises, et peut-être cent cinquante vies humaine en prime.
La dernière remarque que j’entendis, cette nuit-là, fut un compliment adressé à M. Bixby, murmuré sous forme de soliloque, avec de l’onction dans la voix, par l’un de nos invités, qui s’exclama :
-       Par l’Ombre de la Mort, mais c’est un pilote foudroyant !

Les gens font toute une histoire avec les orages des Alpes ; mais ceux que j’ai eu la chance de connaître dans les Alpes n’égalaient pas certains de ceux que j’ai vus dans la vallée du Mississippi. Peut-être, bien sûr, n’ai-je pas vu les Alpes dans leur meilleure forme, et si elles peuvent battre le Mississippi, je n’aime mieux pas.

La maison de Twain dans le Connecticut est devenue un musée, un jour j'irai là-bas ! Et une Wiki -photographie des bancs de sable si dangereux (et instables).

2 commentaires:

ysa a dit…

Dieu a inventé la guerre pour que les américains apprennent la géographie. Mark Twain

Pascale a dit…

Très tentant je dois l'avouer ! je n'ai jamais lu cet auteur même si je connais Tom , un auteur à lire du moins à découvrir, les extraits que tu nous offres sont tout à fait intéressants.