Tom est un garnement, il vit chez sa tante Polly, il aime faire l’école buissonnière avec ses amis, et notamment Huckleberry Finn, son meilleur ami. Il vit dans un village au bord du Mississippi, les familles sont pauvres mais vont leur bonhomme de chemin. La tante Polly ne cesse de gronder Tom mais l’adore, Huckleberry est battu par son père, il erre et vadrouille en toute liberté. Un jour emménage un nouvel habitant, le juge Thatcher, et à l’école, apparaît la très jolie Becky, que Tom n'a de cesse d'éblouir. Et puis il y a un meurtre au cimetière, les garçons qui se cachent dans une île pendant des jours et des jours, qui assistent à leurs propres obsèques et qui réapparaissant, etc. Cela ne s’arrête jamais.
Le ton est joyeux et entraînant. Nous sommes plongés au cœur des jeux des enfants, ils sont des pirates, luttent contre les sorcières jeteuses des sorts, incarnent des navires à vapeur, tous les rêves et les superstitions ont bien plus de sérieux et de réalité que les ennuyeux discours des adultes.
Jouons donc à Robin des Bois :
« Seriez-vous donc vraiment ce célèbre hors-la-loi ? Je me ferai un plaisir de vous disputer les sentiers du joli bois. Prenez garde à vous ! »
Ils saisirent leurs épées en bois, posèrent par terre le reste de leurs affaires, se mirent en garde, pied contre pied, et se lancèrent dans un combat sérieux et précautionneux, « un coup en haut, un coup en bas ». (…) Au bout d’un moment, Tom dit :
« Tombe ! Tombe ! Pourquoi tu tombes bas ? »
« Jamais de la vie ! Pourquoi tu tombes pas toi-même ? C’est toi qui t’en sors le plus mal. »
« Y a pas que ça. Moi, je peux pas tomber ; c’est pas comme ça que c’est dans le livre. Le livre dit : "Alors, d’un coup en revers, il tua le pauvre Guy de Gisborne." Tu dois te retourner et me laisser te donner un coup dans le dos. »
Impossible de se défiler face aux sources, et Joe se retourna, reçut le coup et tomba.
« Maintenant, dit Joe en se relevant, tu dois me laisser te tuer, toi. Faut être juste. »
« Mais, je peux pas faire ça. C’est pas dans le livre. »
« Eh bien, c’est sacrément dégueulasse – c’est tout. »
« Eh bien, écoute, Joe – tu pourras être Frère Tuck, ou bien Much, le fils du meunier, et me rouer de coups avec un gourdin ; ou alors je serais le shérif de Nottingham et toi, tu serais Robin des Bois quelque temps, et puis tu me tues. »
Ce qui était satisfaisant, et ce fut ainsi que se déroulèrent ces aventures.
Tom est libre et indépendant, joyeux et intelligent. Mais il veut être le premier, le héros, le plus glorieux et dirige son monde sans se préoccuper des autres. Un point ambigu : il préfère les aventures des romans à la réalité et plie ses camarades à ses rêves. On verra dans Les Aventures d'Huckleberry Finn que cela ne le rend guère sympathique. Mais en même temps j'aime ces personnages qui prennent la littérature au sérieux.
Mark Twain, Les Aventures de Tom Sawyer, traduit de l’américain par Bernard Hœpffner (éd. originale 1876), Auch, Tristram, 2008.
jamais lu, et quand je vois le niveau d'une certaine littérature contemporaine, je me dis que je ferais mieux de revenir aux bons vieux classiques!
RépondreSupprimerC'est vraiment super, la langue est très riche et on le dévore joyeusement. Mais Huckleberry Finn est encore mieux ! Je le conseille vraiment, il faut profiter de ces nouvelles traductions.
RépondreSupprimerCoucou, j'ai lu ce livre il y a peu et je lis quelques chroniques pour comparer les avis.
RépondreSupprimerTu as bien raison, les livres, c'est du sérieux! =)
Je vais tenter les aventures d'Huckleberry car j'ai bien accroché au pêrsonnage!
Huck va te plaire, je pense, car c'est un roman vraiment brillant !
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