Un court roman contemplatif. Monsieur de Sainte-Colombe vit seul avec ses deux filles et ne se remet pas de la mort de son épouse. C’est un joueur de viole réputé, un homme qui fréquente les jansénistes et qui refuse de se rendre à la Cour, jouer pour le Roi. Ils vivent à distance de Paris et de la foule. Monsieur Martin Marais approche cette famille ; que veut-il ? Il est séduit par les filles, l’une et l’autre, cet univers est si sensuel. Il veut accomplir une carrière de musicien du roi et prendre la suite de Lully. Il veut capter le secret de la musique et passe des nuits caché dans l’herbe à écouter Monsieur de Sainte-Colombe jouer pour sa femme morte.
Dans la nuit de la cave, il prit un verre et il le goûta. Il gagna la cabane du jardin où il s’exerçait à la viole, moins, pour dire toute la vérité, dans l’inquiétude de donner de la gêne à ses filles que dans le souci où il était de n’être à portée d’aucune oreille et de pouvoir essayer les positions de la main et de tous les mouvements possibles de son archet sans que personne au monde pût porter quelque jugement que ce fût sur ce qu’il lui prenait envie de faire. Il posa sur le tapis bleu clair qui recouvrait la table où il dépliait son pupitre la carafe de vin garnie de paille, le verre à vin à pied qu’il remplit, un plat d’étain contenant quelques gaufrettes enroulées et il joua le Tombeau des Regrets.
C’est un très beau roman que nous avons là. Une écriture tout en retenue et sobriété mais forte, qui fait passer les émotions, les passions, le désir et le mystère de la musique. Il est difficile d’en parler, encore plus difficile d’en choisir un extrait, j’ai envie de tout vous mettre…
Inutile de préciser que je n’ai malheureusement pas vu le film d’Alain Corneau. Sainte-Colombe et Marais ont réellement existé, l’un effectivement resté dans sa province et l’autre musicien de cour.
Un lien pour écouter une composition de Sainte-Colombe et un autre vers le billet de George qui m'a donné envie de lire ce beau livre...
Lubin Baugin, Le Dessert de gaufrettes, XVIIe siècle, huile sur bois, musée du Louvre (un de mes tableaux préférés), c'te brave RMN.
Moi c'est l'inverse, je n'ai pas le livre mais j'ai adoré le film et sa bande originale, je te les recommande. Le livre me tente beaucoup et j'ai beaucoup aimé écouter le lien :)
RépondreSupprimerj'ai bcp aimé cette lecture également mais j'ai carrément détesté le film. quelle lenteur !
RépondreSupprimerHum, je crois que je verrai le film pour me faire une idée... effectivement je recommande le lien, c'est un très beau morceau.
RépondreSupprimerUn très beau film, qui me fait hésiter à lire le roman.
RépondreSupprimerOn devrait créer des catégories : "vu/paslu" "vu/lu" "pas vu/lu" "pas vu/pas lu" et ajouter des variantes "aimer/pas aimer" et se répartir tous ensemble dans ce grand tableau !
RépondreSupprimerNi lu, ni vu. Mais je connais le tableau ! C'est drôle d'en trouver la descriptions si fidèle dans un roman.
RépondreSupprimerLa bise Nath !
Oui, l'illustration est finement choisie (je dois dire). Quignard évoque plusieurs tableaux de Baugin, celui-ci avec les fameuses gaufrettes et cet autre, avec la viole :
RépondreSupprimerhttp://www.photo.rmn.fr/cf/htm/CSearchZ.aspx?o=&Total=16&FP=21776009&E=2K1KTSU7TP1GF&SID=2K1KTSU7TP1GF&New=T&Pic=15&SubE=2C6NU0GXF4L7
La bise itou !
Juste un mot sur la musique au coeur de la création de Quignard : http://tourl.fr/bcwa
RépondreSupprimerMerci pour le lien !
RépondreSupprimerun beau billet pour un grand livre
RépondreSupprimerAs tu lu les romans de Laurence Plazenet, si tu aimes tous les matins du monde tu devrais y trouver du plaisir
chez gallimard : l'amour seul et la blessure et la soif très jansénistes et pascaliens très baroques aussi
Ah, je ne connais pas. Je note ce nom et je vais aller voir en bibliothèque ce que je trouve. Merci beaucoup !
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup Pascal Quignard et ce livre-là en particulier, l'écriture est magnifique.
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