J’imagine que vous connaissez le titre (des dizaines
de films ont été tirés du roman). Pour ma part je l’avais lu dans mon
adolescence et j’ai eu envie de le reprendre. Le fil narratif est simple : le
roman mettra en scène quelques personnages lors des derniers jours de Pompéi,
juste avant le 24 août 79. Tout son récit est compatible avec les découvertes
archéologiques : l’emplacement des squelettes qui indiquent où se
trouvaient les personnes au moment de leur mort, le décor des maisons, les
inscriptions sur les murs, le nom de certains Pompéiens, des objets découverts
en des emplacements bien précis… Une grande partie de la réussite du livre
vient de cela, il peut être lu en se promenant dans la ville morte. Ici Ione a
rencontré Glaucus, ici Claudius a parié de l’argent sur tel gladiateur, là
Diomède a trouvé refuge, le jardin de cette villa n’était-il pas celui où la
Thessalienne se recueillait ? Le revers est l’aspect un peu pédagogique du
roman, où les explications sont quelquefois amenées lourdement (sur la
religion, les armes des gladiateurs, la construction des maisons).
Il s’agit d’une histoire mélodramatique, Glaucus et
Ione sont jeunes, beaux et riches, ils s’aiment. Mais en travers de leur chemin
se trouve un terrible et mystérieux Égyptien Arbacès, au savoir mal défini mais
ancestral. Glaucus est Athénien et se plaint de la domination de Rome et le roman
porte une critique légère mais tenue contre Rome, impériale, sûre d’elle même,
en proie aux plaisirs. Il faut ajouter les riches amis oisifs de Glaucus, une
magicienne étrusque, un groupe de gladiateurs de façon à ce que nous visitions
toute la ville. Il y a aussi une petite secte mystérieuse, des Nazaréens pas
très bien identifiés, ce sont les Chrétiens (rien que des personnages positifs
et masculins ! ???).
Peut-être le sentez-vous mais mon avis est mitigé
quant à ce roman au charme pourtant indéniable. J’ai envie de dire que
Bulwer-Lytton n’est pas à la hauteur de ses ambitions même si c’est un peu
cruel.
La première erreur est dans le point de vue qu’il
adopte. La narration s’effectue selon son point de vue à lui, écrivain du XIXe,
qui connaît la fin de l’histoire et qui délivre un jugement moral sur les
Romains (et qui explique à ses contemporains leur mode de vie). Il ne joue donc
pas sur les effets de l’ironie tragique et crée une barrière entre les
personnages et les lecteurs, il y a toujours quelque chose qui empêche de
s’immerger dans ce monde disparu.
Constant Puyo, Ruines, Pompéi, 1890-1900, musée d'Orsay, image RMN.
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Malgré tout, la lecture est très agréable et permet
de se replonger dans les rues de Pompéi. Le charme opère, le roman rend bien la
présence constante des dieux et de la magie, dans les formules et les actes les
plus simples de la vie quotidienne.
Des grappes de raisin, que le sourire de l’été
rendait déjà vermeilles, étincelaient entre les festons de pampre qui pendaient
d’un arbre à l’autre. Au-dessus, de légers nuages flottaient dans un ciel
serein, et glissaient d’une façon si lente à travers le firmament, qu’ils
semblaient à peine se mouvoir ; à leur droite, de moment en moment, leur
vue découvrait une mer sans vagues, qu’animaient seulement quelques légères
barques à sa surface ; les derniers rayons du soleil teignaient de douces
et innombrables nuances cette délicieuse mer.
« Quelle belle expression », dit Glaucus à
mi-voix, « que celle qui appelle la terre notre mère ! »
Petite vidéo gentiment signalée par Marie-Neige. Il y a un léger bruit de fond (de la musique canadienne) mais pour les costumes et les décors, c'est plutôt très bon sur le plan de la "romaine reconstitution". Quant à faire une chanson sur la bataille d'Actium, il fallait oser.
Faudra pas te plaindre des pubs ciblées hein ;) Si tu veux je peux essayer de te fournir une "illustration musicale" pour chacun de tes futurs posts. Ce sera un peu comme être le somelier et toi le chef !
RépondreSupprimerJe vais peut-être me pencher sur la littérature des îles Féroé, moi...
RépondreSupprimerNe te penche pas trop, les falaises sont abruptes, un accident est vite arrivé !!
RépondreSupprimerje le lirais bien un jour, en attendant de pouvoir me payer un voyage à Pompéi :)
RépondreSupprimerÇa ne vaut pas un voyage en Pompéi. Moi j'y suis allée fin décembre, il n'y avait personne, j'étais toute seule dans les rues, c'était inoubliable.
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