Mario Vargas Llosa, La Tante
Julia et le scribouillard, traduit de
l’espagnol (Pérou) par Albert Bensoussan, éd. originale 1977, Paris, Gallimard,
1979.
De Vargas Llosa, j’ai beaucoup
aimé La Fête au Bouc et quand on m’a
chaudement recommandé ce roman-ci, hop ! C’est brillant, drôle et
rocambolesque.
Le narrateur est un jeune homme
de 18 ans, vivant à Lima, étudiant mollement le droit et travaillant – un peu –
à la radio. Deux événements viennent marquer sa vie : l’arrivée d’un
auteur de feuilletons de radio qui compose les histoires les plus
extraordinaires pour les auditeurs, Pedro Camacho. Et surtout, surtout,
l’arrivée de la tante Julia, divorcée, en quête de mari. Ils tombent tout
doucement amoureux en dépit de la différence d’âge. Entre le récit du narrateur
(lequel est inspiré de la jeunesse de Vargas Llosa) s’intercalent des épisodes…
bizarres. De courts chapitres mettant en scène un spécialiste de la dératisation,
une pension de famille, un super flic… tous très étranges et invraisemblables…
mais le lecteur comprend progressivement la place de ses portraits dans la vie
du héros, ce serait dommage d’en dire plus.
Il s’agit d’un roman brillant et
drôle. L’auteur y peint sa jeunesse et les circonstances de son premier
mariage, mais aussi rend hommage à la puissance et à la magie des narrations
romanesques. La peinture de la famille et des amis du narrateur donne lieu à
des portraits pittoresques, tout est virtuose et irrespectueux. Décidément
j’aime Vargas Llosa…
mon exemplaire. M&M |
La famille, à commencer par ses
parents, horrifiée face à pareil scandale – je crus alors que le scandaleux
était que son mari fût chinois, mais maintenant je déduis que sa tare
principale était d’être épicier – avait décrété sa mort de son vivant et ne lui
avait jamais plus rendu visite, ne l’avait plus jamais reçue. Mais quand elle
mourut vraiment ils lui pardonnèrent – nous étions une famille sentimentale, au
fond – , ils allèrent à la veillée funèbre et à son enterrement, et versèrent
bien des larmes pour elle.
Petite note touchante : ce Camacho vit uniquement de ses feuilletons radios. Rien de glorieux. Camacho n’a lu aucun auteur (ni Proust, ni Balzac), ne connaît pas Paris et ses chambres de bonnes, vit misérablement avec sa machine à écrire. Mais il est, dans l’entourage du narrateur, la seule personne à vivre uniquement par et pour sa plume. Alors… est-ce un écrivain ?
J'ai retrouvé l'avis de Chiffonnette et celui de Keisha.
Participation au challenge d'Yspaddaden : Les 12 d'Ys, catégorie "Nobel de littérature", 3/12.
Ce livre est un grand livre à mes yeux, une petite merveille. Je n'oublierai jamais Pedro Camacho et sa fiction délirante.
RépondreSupprimerc'est un de mes meilleurs souveirs de lecture ! comme tu dis quelle impertience merveilleuse ; je l'ai lu en espagnol.
RépondreSupprimerVous employez exactement les bons mots, merveille, délire, impertinence... c'est tout cela !
RépondreSupprimerLe titre m'intriguait. Je n'ai jamais rien lu de l'auteur mais tu titilles ma curiosité.
RépondreSupprimerBonjour Nathalie,
RépondreSupprimerC'est un livre noté... pour quand je me déciderai d'intégrer le groupe de Ys !
Marie : La Fête au Bouc est aussi TB, à propos d'une tentative d'assassinat sur le dictateur Trujillo en rep. dominicaine. Très réussi.
RépondreSupprimerSyl. tu as jusqu'en décembre tu sais !
Voilà un livre qui pourrait bien me réconcilier avec l'auteur.
RépondreSupprimerJe ne savais pas que tu étais fâchée avec Mario Alex ! Je n'ai lu que deux romans de lui et les deux m'ont plu.
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