La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



dimanche 12 juin 2011

On m’a dit que le monde tournait, alors j’attends de voir passer ma maison devant moi.

Malcolm Lowry, Sous le volcan, traduit de l’anglais par Jacques Darras, édition originale 1947, Paris, Grasset, 1987. Épisode 1.

   Encore un roman difficile à présenter (d’ailleurs j’ai fait un bide lors de mon club de lecture). Donc… Le premier paragraphe se situe après la mort du consul, deux de ses proches se disent adieu dans un coin pommé du Mexique. Tout semble en voie d’écroulement. Le roman raconte ensuite la dernière journée du consul de Grande-Bretagne, Firmin, dans cette petite ville. Il boit, sans cesse. Autour de lui gravite sa femme, elle est revenue, elle veut repartir à zéro avec lui, son frère, un français, un médecin.
   On se trouve dans la tête de Firmin, dans son errance mentale. Il alterne clairvoyance exceptionnelle et quasi-hallucination, conscient de sa propre déréliction. Je n’aime pas l’alcoolisme et j’étais extrêmement réticente à l’idée de lire ce roman mais étrangement ce n’est pas glauque du tout. On est plongé dans ce malstrom de pensées, de passions et de réflexions, cela vibre de partout. On suit aussi un peu ceux qui entourent Firmin et on parcourt ce coin du bout du monde où les échos de l’extérieur (toutes les guerres) arrivent en fragments incompréhensibles.

Il se laissa aller au fond de son fauteuil. Ixtaccihuatl et Popocatepetl, image du couple parfait, se détachaient avec une clarté magnifique à l’horizon sous un ciel matinal quasiment pur. (…)
À une attitude gigantesque, il remarqua encore des vautours aux aguets, plus gracieux que des aigles en leurs évolutions et qu’on eût pris pour des cendres de papier montant légèrement d’un feu, avant d’être subitement aspirés dans une tumultueuse et vertigineuse ascension, très haut.
L’ombre d’une immense lassitude le gagna insidieusement… Le Consul sombra tout d’une masse dans le sommeil.


C’est une langue très chargée, qui décrit une nature exotique et envahissante, qui traduit le flot ininterrompu des pensées et des angoisses qui ne se posent jamais. Beaucoup de mots, d’adjectifs. Le consul parle, rêve, réalise qu’il n’a prononcé ses paroles qu’en imagination, on est un peu perdu. Le Mexique est une nature pleine de violence, avec ses volcans et ses orages, ses bandits et sa police, ses fêtes des morts. J’ai eu la sensation d’une langue exceptionnellement pleine et vivante, vibrante, jamais immobile, riche et épaisse.

Gisèle Freund, Atelier d'un photographe de la rue, Mexico City, 1952, épreuve gélatino-argentique, Paris, musée national d'Art moderne - Centre Georges Pompidou, RMN.





3 commentaires:

Dominique a dit…

Ce livre est sur mes rayons depuis des lustres et j'ai fait plusieurs essais mais jamais je n'ai réussi à accrocher à ce personnage, pourquoi ? mystère ! chaque fois que je lis un billet je me dis allez lis le ! mais ....

Allie a dit…

J'ai souvent entendu parler de cet auteur, qui semble très complexe. Je n'ai par contre jamais pu me décider... C'est un écrivain qui m'effraie un peu...

nathalie a dit…

Le premier chapitre est difficile, je m'y suis prise à deux fois. Mais une fois que l'on reprend avec le Consul, ça va mieux. Ceci dit, effectivement, c'est un écrivain difficile. Le livre est complexe mais passionnant.