La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mardi 21 février 2012

Ah, mais les minutes sont semblables aux flocons de neige, il n’y en a pas deux semblables.


Olga Grushin, Le Kiosque, traduit de l’américain par Alain Defossé, 1e éd. 2010, Paris, Payot, 2011.
J’avais vaguement entendu parler de ce livre à sa sortie et quand Valou a proposé de le faire voyager, j’ai sauté sur l’occasion.
L’histoire ne se passe pas dans un lieu et une époque identifiés précisément mais tous les noms des personnages sont russes et l’atmosphère est celle d’une grande ville, où tous les désirs individuels sont enfouis, où toute parole sortant de la norme est brimée, où des hommes peuvent vérifier les papiers pour rien. Le monde de la Russie soviétique. Nous suivons pendant un an la vie d’une petite famille, Anna et son mari Serge, la mère d’Anna qui ne parle plus depuis des années et Alexander, leur fils qui sèche l’école et traîne dans la ville. Juste à côté de leur appartement, une petite file d’attente commence à se former devant un kiosque de la ville, un de ces kiosques ouverts quand ils le veulent, plus ou moins achalandés en marchandises diverses dont, on ne sait jamais, on peut toujours avoir besoin. Les rumeurs les plus folles circulent… peu à peu les choses se précisent. C’est dans ce kiosque que seraient vendus les 300 billets du concert exceptionnel que Selinsky, un compositeur parti il y a longtemps en exil, doit donner. Peut-être… Cela vaut-il la peine de faire la queue tous les jours, à toutes les heures, en attendant le moment utopique de la vente des billets ? Rumeur après rumeur, les gens de la queue vivent et discutent.

Brassaï, Kiosque, v. 1930-1932
Paris, Centre Pompidou, image RMN.
Par la fenêtre ouverte, il entendit un enfant appeler sa mère d’une voix stridente, le coup de fusil d’un pneu qui éclatait à quelques rues de là, un froissement sec d’ailes comme un pigeon plongeait d’une gouttière. Un petit silence s’étendit languissamment dans la flaque de soleil poussiéreuse devant lui. Il ne voulait pas poser la question ; il voulait poser la question ; il ouvrit la bouche, prêt à entendre quelque vérité prosaïque, comme une pierre froide qui sombrerait dans sa poitrine.


C’est un roman qui ne m’a pas conquise mais auquel je trouve beaucoup de charme, je l’aurais peut-être plus apprécié à un autre moment. On oscille entre les descriptions des actions des personnages, privés de vie à force d’habiter cette ville, et pour lesquels la perspective du concert est une unique occasion d’imprévu et de fête, et leurs souvenirs et rêves d’avenir, faits de poésies et de magie.


Merci Valou ! Si vous voulez vous aussi le recevoir, adressez-lui un message.


2 commentaires:

valou a dit…

moi même je n'ai pas été totalement conquise...mais bon, le portrait de la ville soviétique était intéressant..mon problème tenait à la plupart des personnages...contente de t'avoir fait venir ce livre, dans cette belle ville de Marseille...et jalouse de savoir qu'il va y passer un peu plus de temps !

nathalie a dit…

Oui cette façon indéterminée de rendre la ville soviétique est intéressante. J'espère que le livre te ramènera quelques rayons de soleil à son retour.