Thomas Pynchon, V., traduit de l’américain par Minnie Danzas, 1e
édition 1963, Paris, Seuil, 1985.
Résumer un roman de Pynchon
relève toujours du défi olympique… mais je me lance bravement.
Le premier fil du récit (ou plus
exactement le premier écheveau, vu l’embrouillaminis) tourne autour d’une
poignée de jeunes gens, actifs à New York, vers 1955-1956. On s’attache à
Profane, ancien membre de la marine militaire américaine, à sa rencontre avec
Rachel (dont vous avez ici le récit), et à quelques zigotos de son acabit.
Profane fait le yoyo, c’est-à-dire qu’il va d’un lieu à l’autre et revient,
sans but réel, mené par les événements et l’alcool. Quelques bagarres
mémorables, des boulots originaux (chasseur d’alligators dans les égouts de New
York) le mènent. Parmi ses connaissances, Herbert Stencil, un homme curieux animé
d’une quête personnelle.
Stencil – qui parle de lui à la 3e
personne – a trouvé trace dans les papiers de son père d’une mystérieuse V.
Est-ce une femme ? cette Victoria présente au Caire au moment de
Fachoda ? une espionne ? Veronica, un rat femelle convertie au
catholicisme par un curé new-yorkais ? Est-ce une ville lointaine
(rappelant celle évoquée dans Contre-jour), à la tête d’un réseau de tunnels reliant
le pôle Sud au volcan du Vésuve ? Est-ce une automate ? (car les
êtres automates hantent tout le roman, apparaissant, disparaissant de manière
inattendue). Stencil cherche, il erre de Florence (avec des espions du
Venezuela) (ou le vol d’une Vénus de
Botticelli) au Caire, écoute le récit des féroces répressions allemandes en
Afrique du Sud (le récit en est proprement terrifiant), n’oublie pas les
théâtres parisiens mais reste fasciné par La Valette à Malte.
Vous n’avez rien compris ?
C’est bien normal. Stencil est un personnage obsédé par l’idée d’un complot
autour de V., partant sur la moindre trace que lui laissent les illuminés
trouvés sur sa route. Les épisodes rocambolesques se succèdent, et on oublie
vite la chronologie de l’ensemble. Pynchon excelle dans l’art de lancer des
pistes, des indices à multiples sens, les motifs se retrouvent de chapitres en
chapitres et le lecteur peut en devenir fou.
Un résumé ordonné du livre sur Wikipedia.
Pynchon apparaît dans un épisode des Simpsons "Diatribe of the Mad Housewife" Image Wikipedia. |
Cette semaine-là, ils avaient
expérimenté le lait, le potage de légumes en boîte et, en désespoir de cause,
le jus d’une tranche de pastèque desséchée, qui seule garnissait le
réfrigérateur de Teflon. Essayez, un jour, de presser une pastèque dans un
petit verre, quand vos réflexes laissent à désirer. C’est quasiment impossible.
D’autre part, le repêchage des grains dans la vodka n’était pas non plus une
sinécure et provoquait une mauvaise volonté croissante et mutuelle.
La langue est très maîtrisée, mais légère et irrévérencieuse ce qui n’empêche pas des passages d’une grande poésie.
V. est le premier roman de Pynchon mais vous pouvez lire mon billet sur Vice caché. Ce billet aurait pu prendre place dans le challenge d'Yspaddaden, catégorie "pavé" mais Pynchon n'était pas dans la liste initiale et donc... non ! Tant pis je me débrouillerai autrement...
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