La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



jeudi 31 mai 2012

Arsène Lupin, était-ce possible que ce fût lui l’adversaire vaincu, et cependant invisible, après lequel on s’acharnait en vain depuis plusieurs jours ?


Maurice Leblanc, L’Aiguille creuse, paru en feuilletons mensuels dans Je sais tout, 1908-1909, 1e éd. 1909, repris ici dans l’édition fidèle à celle du journal, Rouen, Éditions des Falaises, 2012.

Lu il y a une grosse quinzaine d’années (mon père a sa collection de Lupin en bas de l’armoire - mais il a dû l’oublier – eh, eh). Quand j’ai décidé de participer à la lecture de juin du Blogoclub, autour de Maurice Leblanc, j’ai naturellement pensée à aller voir ce que proposait les Éditions des Falaises. Il s’agit de la version du texte conforme à celle parue dans le journal, encore jamais publiée en livre. Elle contient plus de références amoureuses (c’est dire…) et historiques, le roman entretient un lien plus étroit avec la Normandie. D’autant que les notes des éditeurs expliquent toute l’onomastique et on se rend compte que Leblanc ne laisse rien au hasard. On peut reconstituer l’histoire sur le terrain.

Un cambriolage mystérieux a lieu dans une vieille demeure normande, le voleur s’est évanoui parmi les ruines d’une ancienne abbaye, décor qui donne une coloration romantique à certains passages. Bientôt un jeune homme, Isidore Beautrelet, encore lycéen, fait usage de sa force déductive pour affirmer que c’est un coup d’Arsène Lupin et pour résoudre le mystère. Ensuite… ne racontons rien. Isidore est un jeune Rouletabille, aux méthodes de Sherlock Holmes (qui d’ailleurs…). À ses côtés, nous parcourons la France et la Normandie, il y a des courses poursuites, des enlèvements, des bagarres et des rebondissements.

Claude Monet, Etretat, la Manneporte, reflets sur l'eau,
1885, Caen, musée des Beaux-Arts, image RMN.

Et… je l’ai dévoré ! Je ne me rappelais pas avoir pris tant de plaisir la première fois. On a affaire à un vrai roman d’aventures et de déduction, qui rebondit sans cesse. Le Lupin des romans est moins lisse que celui de la télé. Pas de monocle mais une barbe qui trace deux pointes diaboliques, des hommes de main, des discours ronflants, des émotions vibrantes. L’intérêt de ce roman a changé depuis sa création. En effet, les lecteurs de 1909 ne connaissaient pas le fin mot de l’histoire et ne savaient pas où l’auteur voulait en venir. Alors que nous, nous pouvons dire au détective amateur (Isidore) « non, pas par là », « attention, fausse piste », « oui, tu chauffes ». Le plaisir pris est très différent.
   
Les ongles de Beautrelet s’enfonçaient dans le sol comme les griffes d’une bête prête à bondir sur sa proie. Ses yeux pénétraient dans l’écorce rugueuse du roc, dans sa peau, lui semblait-il, dans sa chair. Il le touchait, il le palpait, il en prenait connaissance et possession. Il se l’assimilait.

J’ai dévoré ce livre au point de le lire trop vite, j’ai bouffé les mots je crois.


7 commentaires:

Alex-Mot-à-Mots a dit…

Je devrais réessayer de le lire alors, car la première fois, je n'avais pas accroché.

Marie a dit…

Je l'ai lue quand j'étais ado et j'avais adoré.
Tu veux dire que les éditions qui étaient disponibles jusqu'à présent n'étaient pas conformes au texte original?

CATHERINE a dit…

EH BEN! DIS DONC!

CATHERINE a dit…

EH BEN! DIS DONC!

Arieste a dit…

il faut vraiment que je me mette aux Arsène Lupin :)

Catherine a dit…

Je ne me rappelle plus quand je l'ai lu pour la première fois mais je l'ai relu au début des années 2000 et j'ai adoré !
Bon WE !

nathalie a dit…

Marie : oui apparemment le texte est d'abord paru en journal, puis ensuite seulement en livre mais en version raccourcie seulement. C'est la première fois que paraît en livre cette 1e version.