La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mercredi 30 mai 2012

Le mariage ne nous est pas interdit. Au lieu de se marier « déjà », il arrive qu’on se marie « enfin ».


Colette, Gigi, Paris, 1944.

Il s’agit d’un recueil de 4 courts récits, quelques mots sur chacun.
Gigi. Une histoire amusante et touchante. Gigi – Gilberte – est la petite fille chérie de deux cocottes qui l’éduquent : lui apprendre à manger les ortolans, à distinguer les pierres précieuses des autres, à bien se tenir, choisir ses vêtements, connaître les saveurs des cigares… elles se désespèrent car Gigi est désespérément fraîche et spontanée. Tout ce petit monde dévore les chroniques mondaines des journaux où « Tonton Gaston », riche héritier tient la vedette… J’ai beaucoup aimé cette histoire, assez drôle et cruelle à la fois dans sa lucidité, mais les rapports d’affection entre ces femmes qui vivent dans un petit appartement sont rendus dans leur complexité. Et le regard de Colette sur ce demi-monde est sans caricature même si le dénouement me laisse sceptique. L'adaptation en film m'a miss bien plus mal à l'aise, elle est franchement malaisante. La tendresse de la langue du roman fait passer bien des choses.
Le 2e récit L’Enfant malade est plein de poésie et raconte les rêves d’un petit garçon malade et cloué au lit, qui ne comprend pas pour quelle raison il devrait être triste d’être malade. Le parfum de lavande est ainsi une nuée que l’on peut chevaucher comme une monture sauvage…

Il serrait entre ses genoux, durement, la nue repentante et la guidait dans la région supérieure de la cuisine, parmi l’air attiédi qui séchait la lessive près du plafond. En baissant le front pour passer entre deux pans de linge, Jean rompit adroitement un cordon de tablier et le passa en guise de mors dans la bouche de la nue. Une bouche n’est pas toujours une bouche, mais un mors est toujours un mors, et peu importe ce qu’il bride.
La nue de lavande domptée franchit la porte de service, fait aboyer le chien, dévale les escaliers…

Arbre à perruque, château
d'Harcourt, M&M.
Je passe sur le 3e récit La Dame du photographe même s’il est très intéressant pour finir avec Flore et Pomone dans lequel Colette évoque les jardins où elle a vécu, ceux de ses amis, ceux qu’elle a connus, ceux qu’elle connaîtra, ceux qu’elle imagine. Les noms de plantes, savants et populaires, se mêlent aux historiettes dans une évocation pleine de charme.
Je suis conquise par ce recueil, plein de sensibilité et de finesse. Variété des tons : humour, douceur, nostalgie, observation fine… Le vocabulaire est prodigieusement riche et vivant.

Elle nous jetait de son seuil un avertissement comminatoire, un victorieux « turrruititittit » qui réclamait sans doute notre applaudissement à ses prouesses de mésange, son travail de mésange, ses acrobaties de mésange…

Deuxième participation au challenge Colette de Margotte.





7 commentaires:

  1. Ce sont des nouvelles, ou juste des textes courts ?

    RépondreSupprimer
  2. 4 textes courts, c'est tout de même plus long que des nouvelles.

    RépondreSupprimer
  3. Je garde la même impression de lecture que toi de ce recueil. J'avais été conquise par la fraîcheur de Gigi dont il existe de nombreuses adaptations cinématographiques mais je n'ai pas eu le temps d'aller voir encore du côté du cinéma...

    RépondreSupprimer
  4. Je ne l'ai jamais vu au cinéma je dois dire.

    RépondreSupprimer
  5. Je l'ai lu il y a si longtemps ! Et il faut absolument que je lise ceux que j'ai encore dans mes étagères avant la fin du challenge Colette, pfff...

    RépondreSupprimer
  6. Il ne m'en reste plus qu'un pour le challenge mais je compte continuer sur ma lancée.

    RépondreSupprimer
  7. Il ne devrait pas y avoir de raison qu'il ne me plaise pas celui-ci.

    RépondreSupprimer

N’hésitez pas à me raconter vos galères de commentaire (enfin, si vous réussissez à les poster !).