La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



lundi 7 mai 2012

Lointain souvenir de la peau


Russel Banks, Lointain souvenir de la peau, traduit  de l’américain par Pierre Furlan, 1e parution 2011, Arles, Actes sud. 2012.  444p.

Une nouvelle fois je laisse le clavier à Bernard, membre éminent du Club de lecture de la Bibliothèque du Panier, qui, après American darling, vous présente le dernier roman de Russel Banks :

L’Amérique dure et impitoyable  ne sait que faire de ses délinquants sexuels en liberté conditionnelle. Un bracelet à la cheville et l’interdiction de séjourner près de crèches, écoles, squares et autres lieux fréquentés par des enfants sont les principales contraintes une fois dehors. La marge de manœuvre est étroite, seule la lointaine périphérie des villes  reste viable. C’est dans un de ces endroits que Le Kid va atterrir. Il s’y fait lentement une place en attendant mieux.
Qu’imagine-t-on à propos de ce jeune garçon frêle et solitaire ? En tout cas pas qu’il puisse faire du mal à qui que ce soit, et en effet…. Comment, même avant de connaître son histoire,  ne pas être ému par sa fragilité, sa volonté de vivre, qui en aurait abandonné plus d’un dans les mêmes circonstances ou par son attachement aux animaux les plus étranges, les moins beaux, comme lui rejetés de tous ?
Et puis c’est l’improbable, l’impossible rencontre avec l’un de ceux qui vivent à l’autre bout de l’échelle sociale. À la fois méfiant et curieux il accepte l’aide qui lui est proposée, amusé aussi par les motivations de cet obèse inconnu qu’il ne comprend pas mais qui va changer sa vie, il le sent.
Ce n’est pas un livre noir. Banks fait un casting étrange et éclectique autour de son héros. Les personnages éclairent le roman et représentent une grande part de son intérêt. Tous sont un peu border line bien sûr, paumés pour la plupart, touchants quelquefois, chacun tirant une lourde histoire derrière lui mais sans jamais sombrer dans le défaitisme.
Il est probable que la vie de ces  hommes soit effectivement celle des délinquants sexuels aux États-Unis. Nous voilà donc de nouveau interpellés par une justice que nous connaissons peu et qui nous surprend toujours quand nous la voyons à l’œuvre.

Sun dries, tirage de Ingrid lunenburger, 
prise de vue de Wenders Wim, 1983, Paris, 
musée national d'Art moderne - image RMN

5 commentaires:

Anonyme a dit…

J'aime Russell Banks et j'ai bien envie de lire cet opus-là.

nathalie a dit…

Je confesse n'avoir encore rien lu de lui...

Eeguab a dit…

Russell Banks m'a plu avec De beaux lendemains ou Affliction.

Alex Mot-à-Mots a dit…

Il m'avais semblé l'avoir lu, mais finalement non.

nathalie a dit…

Eeguab: je compte bien un jour ou l'autre me lancer en sélectionnant quelques titres.
Alex : il est paru récemment en français. Mais on en a beaucoup parlé, c'est peut-être pour ça que tu confonds.