Russel Banks, Lointain souvenir de la peau, traduit
de l’américain par Pierre Furlan, 1e parution 2011, Arles,
Actes sud. 2012. 444p.
Une nouvelle fois je laisse le clavier à Bernard, membre éminent du Club de lecture de la Bibliothèque du Panier, qui, après American darling, vous présente le dernier roman de Russel Banks :
L’Amérique dure et impitoyable ne sait que faire de ses délinquants
sexuels en liberté conditionnelle. Un bracelet à la cheville et l’interdiction
de séjourner près de crèches, écoles, squares et autres lieux fréquentés par
des enfants sont les principales contraintes une fois dehors. La marge de
manœuvre est étroite, seule la lointaine périphérie des villes reste viable. C’est dans un de ces
endroits que Le Kid va atterrir. Il s’y fait lentement une place en attendant mieux.
Qu’imagine-t-on à propos de ce jeune garçon frêle et
solitaire ? En tout cas pas qu’il puisse faire du mal à qui que ce soit,
et en effet…. Comment, même avant de connaître son histoire, ne pas être ému par sa fragilité, sa
volonté de vivre, qui en aurait abandonné plus d’un dans les mêmes circonstances
ou par son attachement aux animaux les plus étranges, les moins beaux, comme
lui rejetés de tous ?
Et puis c’est l’improbable, l’impossible rencontre
avec l’un de ceux qui vivent à l’autre bout de l’échelle sociale. À la fois
méfiant et curieux il accepte l’aide qui lui est proposée, amusé aussi par les
motivations de cet obèse inconnu qu’il ne comprend pas mais qui va changer sa
vie, il le sent.
Ce n’est pas un livre noir. Banks fait un casting étrange et éclectique autour de son héros. Les personnages
éclairent le roman et représentent une grande part de son intérêt. Tous sont un
peu border line bien sûr, paumés
pour la plupart, touchants quelquefois, chacun tirant une lourde histoire
derrière lui mais sans jamais sombrer dans le défaitisme.
Il est probable que la vie de ces hommes soit effectivement celle des
délinquants sexuels aux États-Unis. Nous voilà donc de nouveau interpellés par
une justice que nous connaissons peu et qui nous surprend toujours quand nous
la voyons à l’œuvre.
Sun dries, tirage de Ingrid lunenburger,
prise de vue de Wenders Wim, 1983, Paris,
musée national d'Art moderne - image RMN
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J'aime Russell Banks et j'ai bien envie de lire cet opus-là.
RépondreSupprimerJe confesse n'avoir encore rien lu de lui...
RépondreSupprimerRussell Banks m'a plu avec De beaux lendemains ou Affliction.
RépondreSupprimerIl m'avais semblé l'avoir lu, mais finalement non.
RépondreSupprimerEeguab: je compte bien un jour ou l'autre me lancer en sélectionnant quelques titres.
RépondreSupprimerAlex : il est paru récemment en français. Mais on en a beaucoup parlé, c'est peut-être pour ça que tu confonds.