La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



samedi 5 mai 2012

Les humeurs du samedi-manche. 12



Catherine Meurisse, Le Pont des arts, Paris, Sarbacane, 2012.

Cet album relate de façon humoristique et potache les liens qu’entretiennent peinture et littérature, sujet qui m’intéresse particulièrement, l’ayant moi-même enseigné (j’ai retrouvé mon programme in extenso). Les dessins sont amusants, caricaturant les individus et refaisant les tableaux, le texte est constitué d’un tissage entre propos authentiques des hommes de lettres, blagues et jeux de mots divers… les clins d’œil sont nombreux pour les connaisseurs !

L’histoire démarre avec la critique d’art de Diderot en extase devant les toiles de Chardin (Ce n’est pas du blanc, du rouge, du noir, que tu broies sur ta palette, c’est la substance même des objets… etc.) même si l’auteur n’oublie pas de rappeler des interprétations plus psychanalytiques des célèbres natures mortes. Nous nous rendons ensuite à Nohant, où Delacroix tout en faisant le portrait de George Sand, dispense ses leçons au fils de la maison – un parfait crétin. 
Pour lire la vraie version de ce dialogue, RDV chez George (merci pour l'info)

Les courants d’air de Nohant qui rendent malade le pauvre Chopin sont là aussi.

Les propos de Delacroix à propos du coloris sont extraits de son journal et tout à fait pédagogiques ! De façon générale, Delacroix est très bien servi par le livre, aux dépens d’Ingres, ce qui est injuste à mon sens.


Après Théophile Gautier, le grand critique d’art du XIXe, c’est Baudelaire qui organise une visite guidée, parapluie dressé, dans le musée d’Orsay (oui, les anachronismes sont jouissifs). Avec Zola, nous abordons la peinture de Manet et le scandale de l’Olympia – mais Zola n’en sort guère grandi. Les épisodes suivants s’intéressent à Proust et à un certain petit pan de mur de jaune, puis à la peinture de Moreau vue par Jean Lorrain, à la Nadja de Breton, au vol de la Joconde en 1911 et à Apollinaire. 


Le livre se conclut sur Balzac qui « ce jour-là, comme tous les autres jours, en fait des caisses » et entame l’écriture du  Chef d’œuvre inconnu, roman illustré par Picasso.

Difficile de décrire les jeux de mots et allusions fines, ce livre est drôle et intelligent. Il réjouira tous ceux passionnés par le XIXe siècle littéraire et artistique.

Merci ma frangine pour ce cadeau très réussi ! En bonne perverse utilitariste, je vais faire compter cet album pour les challenges suivants : George Sand et Honoré de Balzac.
N'hésitez pas à cliquer sur toutes les images pour les agrandir.








13 commentaires:

  1. Mais voilà qui me tente beaucoup ! Je suis complètement fan des "rapports littérature et peinture"... Bon we !

    RépondreSupprimer
  2. C'est très documenté, moi qui connais le sujet, je peux dire que la plupart des propos sont authentiques.

    RépondreSupprimer
  3. Profitez-en pour découvrir les autres BD de Catherine Meurisse : Mes Hommes de Lettres (histoire de la littérature, dans le même esprit que Le Pont des Arts) et Savoir Vivre ou Mourir, très drôle, sur les stages d'initiation aux bonnes manières...

    RépondreSupprimer
  4. Ah mais les hommes de lettres sont inscrits à mon programme ! Merci frangine !

    RépondreSupprimer
  5. m'a l'air bien sympa ce livre et je trouve aussi Sand très réussi !

    RépondreSupprimer
  6. je viens de lire plus attentivement la planche avec Sand et Delacroix et je découvre que ça fait référence à un texte dont j'ai parlé sur mon blog le 31 mars :
    http://leslivresdegeorgesandetmoi.wordpress.com/2012/03/31/samedi-sandien-32-impressions-et-souvenirs-episode-1/

    décidément :D

    RépondreSupprimer
  7. j'avais noté mes hommes de lettre à acheter pour la bib. nos esprits se rencontreraient-ils?

    RépondreSupprimer
  8. Cath : je ne doute pas que nos esprits se rencontrent de temps en temps.
    George : Oui, c'est très documenté. Moi je connais par coeur les trucs sur la peinture, mais ce que tu dis est intéressant, c'est comme ça pour tous les auteurs.

    RépondreSupprimer
  9. Je n'irais pas jusqu'à voir une référence dans l'image avec Balzac, il a sans doute écrit d'autres choses sur le sujet, mais ça m'évoque, une fois de plus sa correspondance avec Zulma Carraud (http://mesaddictions.wordpress.com/2011/09/07/balzac-correspondance-avec-zulma-carraud/) qui, lorsqu'il lui avait fait part de son inquiétude de devenir fou, lui avait répondu : "Si vous deveniez fou, je vous garderais."
    J'ai bien envie de lire cette BD moi aussi, en tout cas!

    RépondreSupprimer
  10. Marie : la citation avec l'huître est une citation de Balzac, provenant d'un article intitulé "Sur les artistes". On la trouve un peu partout, notamment dans les préfaces, commentaires des éditions du Chef d'oeuvre inconnu. Il l'a peut-être recyclée ailleurs aussi.
    Je ne connais pas du tout la correspondance de Balzac, mais si c'est aussi important que l'oeuvre romanesque, oups...

    RépondreSupprimer
  11. Je ne connais pas cet album ! Je regarderai la prochaine fois à la boutique. Si j'avais lu avant ton billet... j'y étais mercredi !

    RépondreSupprimer
  12. Catherine Meurisse c'est super ! Elle a sorti un nouvel album sur Olympia. Il y en a un aussi d'histoire littéraire.

    RépondreSupprimer

N’hésitez pas à me raconter vos galères de commentaire (enfin, si vous réussissez à les poster !).