Dashiell Hammett, La Clé de
verre, 1e parution 1931, traduit
de l’américain par Pierre Bondil et Natalie Beunat, Paris, Quarto Gallimard,
2009.
Vous savez que je possède ce gros
volume des nouvelles traductions des romans de Dashiell Hammett, je vous ai
parlé déjà ici de Moisson rouge et de Sang maudit.
La Clé de verre est un peu différent puisque le héros est Ned
Beaumont, un jeune parasite, joueur professionnel, détective à ses heures,
homme de main de Paul Madvig, lui-même au service du sénateur Henry, en quête
de réélection. Le récit prend en effet place dans une ville américaine, en
pleine prohibition. Les hommes politiques locaux s’assurent du
« soutien » de leurs hommes de main, du haut jusqu’au bas de la
pyramide, police y compris.
Le petit grain de sable est
l’assassinat du fils du sénateur Henry, alors que tous les soupçons se portent
sur Madvig. Ensuite, c’est plus compliqué. Beaumont se fait nommer enquêteur
spécial afin de trouver le coupable, car il comprend que sinon c’est foutu pour
les élections.
Je n’en dis pas plus… C’est un Dashiell Hammett particulièrement désossé.
Je n’en dis pas plus… C’est un Dashiell Hammett particulièrement désossé.
Le début est un peu difficile à suivre avec tous ces noms propres, d’autant que les rapports entre les personnages ne sont pas précisés clairement. On est dans le noir des années 30, les hommes ne font rien sans enlever/poser leur chapeau, enfiler leur manteau et mâchonner leur cigare. Beaucoup de castagne, de froideur et aucune psychologie. On ne connaîtra rien de l’intériorité des personnages, Beaumont en premier, sinon un sourire mince et une voix polie. Et bizarrement ça entretient le mystère, on ne sait qui ment, qui est sincère, derrière ces masques ; la manipulation est présente, mais invisible.
Liz, Stirling, Shuffling, 1993, PVC
Paris, musée national d'Art moderne - image RMN
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Les yeux bleus de Shad O’Rory
regardèrent rêveusement dans le vide. Il eut un petit sourire triste et une
note de mélancolie apparut dans sa voix mélodieuse aux discrets accents
irlandais : « Ça veut dire qu’il y aura des morts. »
Le regard bleu de Madvig devint
impénétrable et le ton de sa voix aussi difficile à déchiffrer que l’expression
de ses yeux. « Seulement si tu choisis d’en arriver là. »
Prochaine étape : relecture
du Faucon maltais exprès pour vous. Un article de David Agrech sur le personnage de joueur Ned Beaumont.
"Désossé" est un adjectif intéressant pour qualifier un roman :) J'ai lu Le faucon de Malte et j'avais été séduite par le style si particulier de Dashiell Hammett. Ca fait quand même un peu peur d'apprendre que les personnages sont nombreux et l'histoire un peu compliquée, c'était déjà le cas dans Le faucon et si on doit tenir un lexique en parallèle de la lecture, elle perd pas mal de son plaisir.
RépondreSupprimerÀ la réflexion, "dégraissé" serait plus exact... Disons qu'il n'y a rien de trop. Je relis bientôt Le Faucon... Je ne tiens pas de lexique, une partie du charme de cette lecture est de se laisser porter par l'atmosphère, avec ces hommes de mains innombrables et remplaçables.
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup ces collections, Quarto, Omnibus..., ça fait des supers cadeaux, à faire ou à recevoir. J'aimerais bien me lancer dans la lecture de Dashiell Hammett.
RépondreSupprimerAprès les romans, j'envisage de lire le gros volume de nouvelles j'avoue !
RépondreSupprimerDashiel Hammett n'est pas mon auteur de pollicier préféré. Un peu trop années 50 à mon goût.
RépondreSupprimerJe n'ai pas le quarto mais j'ai acheté Moisson rouge, j'avais lu un livre qui mettait de manière fictive la vie de l'auteur et puis j'aime les polars noirs....
RépondreSupprimerAlex : je pense plutôt que tu l'as lu dans des traductions des années 50 ! C'est vraiment la prohibition et le roman noir des années 30, mais il faut reconnaître que les anciennes traductions l'ont massacré.
RépondreSupprimerMaggie : j'espère que cela te plaira, les vieilles éditions ont de magnifiques couvertures mais des versions un brin désuètes...