Richard Powers, Le Temps où
nous chantions, traduit de l’américain par
Nicolas Richard, 1e publication 2003, Paris, Le Cherche midi, 2006.
J’avais essayé de lire ce roman
au printemps mais sans succès. Comme j’en entendais beaucoup de bien, j’étais
décidée à lui laisser sa chance et j’ai emmené ses 1040 pages avec moi en
Finlande. Je l’ai fini mais je ne suis toujours pas convaincue.
L’histoire a tout pour intéresser. Nous sommes aux États Unis, dans les années 60. Nous suivons le destin de la famille Storm du point de vue de Joseph, le fils cadet, et un peu aussi, grâce à des retours en arrière, de Delia, la mère. À la lecture progressive du 1er chapitre nous comprenons lentement que cette famille n’est pas comme les autres et pas seulement en raison du don pour la musique qui habite chacun de ses membres. Le père David est un juif allemand dont toute la famille a péri sous le nazisme, immigré mais blanc. La mère Delia descend des tout premiers habitants de l’Amérique, elle est noire. Leurs trois enfants sont chacun d’une couleur différente mais tous ont sur leur acte de naissance la mention « de couleur ». Élevés dans l’amour et la pratique instinctive de la musique classique, ils ignorent tout du monde extérieur et de la folle ségrégation. Le roman raconte leur vie.
Les fils virtuoses de la musique
classique, celle des blancs, celle de l’Europe. La fille qui s’engage pour le
combat pour les droits civiques. C’est d’abord cela que raconte le livre :
une mère qui ne peut accompagner ses enfants dans un magasin car ils n’ont pas
la même couleur de peau. C’est extrêmement intéressant d’avoir accès aux récits
des souffrances anciennes et quotidiennes, aux combats et déchirements
intérieurs toujours recommencés – mais le livre est loin d’avoir la violence de Chien blanc de Romain Gary.
Les passages les plus réussies
sont celles où l’auteur essaie de décrire la musique, la voix, les concerts,
les chœurs, les mouvements des instruments. C’est un pari audacieux et réussi,
le livre donne envie de musique, toutes sortes de musiques.
Mais l’ensemble du livre m’a
laissée un peu froide et les personnages ne m’ont pas intéressée. C’est dû à
l’écriture qui assourdit tous les événements et met du miel là où il faudrait
un peu de relief. C’est dommage.
Des huit vives mesures, la voix
de soprano s’élève, comme un crocus poussé dans la nuit sur un gazon encore
frappé par l’hiver. L’air progresse de la manière la plus simple : un do stable entre sur le temps faible, tandis que le
temps fort se rétablit sur le ré
instable de la gamme. À partir de cette impulsion légère, le morceau se met en
mouvement, jusqu’à se chevaucher lui-même, se livrant à une sorte de catch à
quatre avec son propre double alto. Puis, en une improvisation commandée par la
partition, les deux lignes de chant se replient sur le même inévitable sentier
de surprises, moucheté de taches mineures et d’une lumière soudain vive.
Participation aux 12 d'Ys, catégorie "pavé" (6/12). Le billet de Bernard qui avait beaucoup aimé.
Je l'avais abandonné à sa sortie. Bravo à toi d'avoir persévéré.
RépondreSupprimerJe n'avais pas le choix, c'est le seul livre que j'avais emporté en Finlande. Sinon, c'est sûr qu'il aurait eu moins de chance.
RépondreSupprimerc'est déjà pas mal de donner envie de toutes sortes de musique! l'évocation du racisma anti-noir m'avait convaincu même si il y a peut-être un peu de longueur vers la fin! et un peu de pathos, un peu trop à la longue. Mais j'ai dévoré ce roman, je suis en train de lire l'arbre-monde.
RépondreSupprimerJe trouve que c'est intéressant, mais pas très bien écrit, c'est trop lourd pour moi.
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