La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



dimanche 12 août 2012

Les notes sont venues, je les ai tirées les unes après les autres de l’instrument, je leur ai permis de sortir, j’ai essayé de ne pas trop leur faire violence.


Nancy Huston, Les Variations Goldberg. Romance, écrit en français, Paris, Seuil, 1981.

Liliane s’installe au clavecin, dans sa chambre, et joue, devant 29 personnes, des proches qu’elle a réunis pour l’occasion. Elle joue Les Variations Goldberg, composées par Bach en 1740. Et nous plongeons dans les pensées de chacune des personnes présentes, de la musicienne à la tourneuse de pages – comment un écrivain pourrait-il rendre l’attention à la musique ? D’autant que le cerveau des auditeurs ne s’arrête jamais : il écoute, pense à la lumière qu’on a oublié d’éteindre, à d’anciens amants, à la musique bourgeoise, à des ballades irlandaises… Nancy Huston donne 32 fragments du monologue intérieur de toutes les personnes présentes dans la pièce, suivant la progression des Variations, avec une pause entre chaque, avec un changement de rythme et de voix à chaque fois.
Les voix s’entrecroisent sans chercher à forger un récit (pas comme dans un roman chorale où chaque narrateur raconte sa version des faits), il s’agit simplement d’ajouter quelques pages à ce concert, de le remplir un petit peu. Un peu comme dans une soirée où l’on parle avec plein de gens sans tout comprendre de leur identité et de leurs liens.

Cézanne, Jeune fille au piano ou L'Ouverture de Tannhäuser,
vers 1869, musée de l'Ermitage, image M&M.

C’était la première fois que je lisais un roman de Huston, j’avais choisi celui-ci à cause de Bach, je suis intéressée mais pas conquise. Je le considère comme un exercice de style très réussi, d’une lecture très agréable mais je me demande ce qu’il en est quand elle se jette dans le roman. Je compte donc lire d’autres œuvres de Huston, ma curiosité est éveillée.

Ici, personne ne pleure, personne ne pleurera. La musique de chambre n’a pas été faite pour ça. Les gens s’assemblent, plus ou moins sur leur trente et un, pour assister au déroulement d’un rituel. Corrida en sol majeur. Mais qu’espèrent-ils y ressentir ? Et qu’est-ce que j’y ressens ?

Challenge les 12 d'Ys, catégorie "auteur francophone", 7/12.



4 commentaires:

Anonyme a dit…

Je n'ai jamais lu Huston non plus, mais ce titre-là ne me tente pas bien, je crois que je m'ennuierais à cette lecture...

nathalie a dit…

C'est une curiosité... vaut mieux écouter Bach.

La Mante a dit…

exercice impressionnant en effet!
je ne connais pas du tout l'auteur.

nathalie a dit…

D'un point de vue de l'exercice c'est très réussi !