Art Spiegelman, Maus. I. Mon
père saigne l’histoire. II. Et c’est là que mes ennuis ont commencé, traduit de l’américain par Judith Ertel, 1e
éd. 1981-1991, Paris, Flammarion, 1987 et 1992, lu en intégrale, 2012.
Les souris mal déguisées en cochons (les Polonais non juifs) |
J’ai enfin lu ce chef-d’œuvre de
la littérature après une longue attente*. L’auteur interroge son père, juif
polonais exilé aux États-Unis, survivant de l’Holocauste. La première
originalité est bien connue : les personnages sont incarnés par des animaux,
et les juifs sont des souris. Au-delà du jeu de mot avec Mickey Mouse, de la
réutilisation de la propagande nazie, et du symbole, les êtres humains étant
réduits à l’état animal, que ce soit du côté des bourreaux ou des victimes,
cela permet une prise de distance sans doute indispensable au vu des événements
rapportés.
Cela permet aussi d’accentuer les schématiser davantage les traits,
les personnages étant des silhouettes, des yeux, des bouches… J’ai lu plusieurs
récits, documents et romans sur le sujet (sur ce blog, Être sans destin d’Imre Kertész) et je suis frappée de voir le nombre
de choses que l’on apprend dans cette bande dessinée : les détails de la
chronologie avec une Pologne divisée en plusieurs régions, les différents
ghettos, l’agencement des fours crématoires, la tentative des Allemands de
déplacer leurs prisonniers à la débâcle…
La lecture est très prenante car
Spiegelman raconte aussi sa lutte avec son père pour avoir le récit des faits,
ses visites, ses questions… Vladek Spiegelman n’est pas sympathique, c’est le
moins que l’on puisse dire, et sa personnalité fait intimement partie du récit
effectué par son fils. L’auteur semble affronter avec ses dessins l’Histoire et
l’histoire familiale, c’est bouleversant.
* J’ai lu À l’ombre des tours
mortes, la bande dessinée que Spiegelman a
publiée après le 11 septembre et j’ai visité en 2007 l’exposition De Superman au chat du rabbin du Musée d’art
et d’histoire du judaïsme qui se penchait sur les créateurs juifs (notamment
juifs américains) dans l’art de la bande dessinée.
Il faut vraiment que je le lise...
RépondreSupprimerUne BD incontournable, très forte.
RépondreSupprimerCette BD m'a aussi bien bouleversée. Il y a l'holocauste qu'elle raconte, mais aussi le lien entre le père et le fils, les non-dits, les secrets...
RépondreSupprimerOui, la relation père-fils est dure elle aussi, le récit du témoignage fait partie du témoignage !
RépondreSupprimerJe voulais la lire cette BD, puis lorsque je l'ai feuilletée, je n'ai pas pu la prendre.
RépondreSupprimerMoustachu est comme toi Syl, il n'accroche pas du tout aux dessins.
RépondreSupprimer"BD" lue quand j'étais en licence je crois donc inutile de dire que ça remonte aux calendes grecques. C'est une amie qui me l'avait prêtée, une lecture choc !
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