Roberto Bolaño, Les Détectives
sauvages, traduit du chilien par Robert
Amutio, 1e publication 1998, traduit en français en 2006, lu en
folio.
Cet énorme livre se lit finalement
étonnamment bien et j’ai eu beaucoup de plaisir à retrouver ses divagations
poétiques pendant une dizaine de jours.
Comme pour Les Faux-monnayeurs de Gide, le titre est trompeur et il ne s’agit
nullement d’un roman policier.
Une sorte de première partie se
déroule en 1975 et a pour narrateur García Madero qui rencontre par hasard de
jeunes poètes mexicains, formant le groupe des réal-viscéralistes ou des
viscerréalistes ou quelque chose comme ça. De jeunes hommes menant la vie de
bohème, buvant, fumant et baisant à tour de bras (si je puis dire), fauchant
des livres dans les librairies, ne les lisant pas, mais établissant des listes
de poètes où Rimbaud occupe la première place, aux côtés de noms mexicains.
Avec une voix d’outre-tombe don Pancracio a mentionné la foule de ses admirateurs. Ensuite la petite légion de ses plagiaires. Et pour finir l’équipe de basket de ses détracteurs.
Le corps du récit se déroule de
1976 à 1996 et est constitué de plusieurs récits, pris en charge par plusieurs
narrateurs, dans plusieurs pays du monde. Tout se passe comme si le roman
pistait les traces d’Arturo Belano, ou des poètes réal-viscéralistes plus
largement ou en réalité de Cesárea Tinajero, une poétesse mexicaine. Il s’agit
d’un roman à plusieurs voix, lancé sur les traces de ses héros mais on ne sait
pas très qui cherche qui.
Convaincu qu’un poète laisse toujours des traces écrites, bien que les preuves affirmant le contraire jusqu’à présent.
On croise ainsi au fil des ans la
vie des jeunes poètes d’avant-garde : leur pauvreté, leurs revues, leurs
discussions, leur mode de vie… Certains abandonnent la poésie, d’autres
deviennent des écrivains consacrés, un éditeur publie une anthologie mais les
noms des héros sont absents de cette anthologie, de jeunes universitaires essaient
finalement d’étudier l’œuvre de ces jeunes gens qui n’ont rien laissé. Bolaño
donne une vision moqueuse et affectueuse de cette génération et du métier de
poète en général. La lecture de ce roman forme un écho curieux à l’exposition
Bohèmes qui se tient actuellement au Grand Palais et à un ouvrage que je suis
en train de lire sur la bohème littéraire au XIXe siècle.
Après avoir baisé, mon cher général aimait sortir dans la cour pour fumer son cigare et penser à la tristesse postcoïtale, à cette maudite tristesse de la chair, à tous les livres qu’il n’avait pas lus.
C’est aussi un roman
sud-américain. L’essentiel de l’action est dans la ville de Mexico, au DF, et
les personnages arpentent les longues avenues en parlant, de jour comme de
nuit. Les noms propres de quartiers, de rues, de régions, de villes abondent.
Mais les personnages sont mexicains, chiliens, argentins, espagnols…
Vous l’auriez deviné, l’ensemble
est foutrac. Les Détectives sauvages est
un roman de la même famille que ceux de Pynchon, que Sur la route de Kerouac... ou que les films des frères Cohen si l'on pense à l'errance finale.
L'avis de Jimmy. Dernier billet de l’année 2012,
aussi ma seconde participation au challenge du Prix Campus de Lou et Cryssilda. Demain, un billet spécial !
Bonne année Nathalie !
RépondreSupprimerMerci Margotte, bonne année à toi.
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