La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mercredi 13 mars 2013

Peut-être ignorez-vous, Monsieur, que dans notre pays on cultive les statues.


Jacques Abeille, Les Jardins statuaires, 1e éd 1982, lu chez Joelle Losfeld.

Un livre envoûtant pour moi…
Le narrateur, un homme dont on ne sait rien, est un étranger dans un pays inconnu, un pays où la culture principale (au sens d’agriculture) est celle des statues. Il existe là d’immenses domaines où des jardiniers prennent soin des pierres. Étrangement, le lecteur suit au départ le chemin du narrateur : découverte du travail des jardiniers, du fonctionnement des domaines et puis les questions apparaissent. Où sont les femmes dans ce monde d’hommes ? Y a-t-il des statues ratées ? etc.
Tout le début du roman est, je l’ai dit, envoûtant. Un style qui alterne les passages descriptifs et lyriques et surtout l’évocation d’un monde mystérieux et fascinant : que se passe-t-il dans les contacts mystérieux entre la terre et la pierre ? quelle est la vie qui anime ces statues pour qu’elles poussent ainsi d’elles-mêmes ? Les matériaux ne sont pas inertes et vivent d’une vie interne, cachée et puissante, bruissante… J’ai réellement beaucoup aimé. J’avoue que la trame du récit ne m’a pas ensuite forcément convaincue même si elle permet d’aborder ainsi différentes facettes d’un univers pas si immobile (impressionnante description d’un domaine où les statues ont tout envahi, dans une croissance folle) et qu’elle montre un ouvrage extrêmement construit.


Et, tandis que je tournais la chose entre mes doigts, je sentis se propager dans tout mon être je en sais quel terrible et lent déchirement, à quoi se mêlait une crainte rétrospective. Si la petite chose avait échappé à mes doigts pour aller se briser à mes pieds (car, pour remarquable que fût son poids, l’objet ne laissait pas de donner une impression d’extrême fragilité), j’en eusse éprouvé une peine sensible.
  
Un roman poétique de science-fiction qui met en langue un univers personnel très fort. Sur ce blog retrouvez Giacometti évoqué par Jean Genet. L'avis d'Attila sur Polar, noir et blanc. Un livre prêté par Pierre, merci !

Esclaves de Michel-Ange,
Louvre, images M&M

2 commentaires:

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