Robert Louis Stevenson, Voyage
avec un âne dans les Cévennes, traduit de
l’anglais par Léon Bocquet, 1879
C’était ma deuxième lecture de ce
texte bien connu de Stevenson (et il y en aura certainement d’autres). Je
l’aime décidément beaucoup. C’est un récit autobiographique, un récit de
voyage, un chef d’œuvre du genre.
La nuit est un temps de mortelle monotonie sous un toit ; en plein air, par contre, elle s’écoule, légère parmi les astres et la rosée et les parfums. Les heures y sont marquées par les changements sur le visage de la nature.
Stevenson raconte son voyage dans
les Cévennes, vers le Sud, une marche de plusieurs jours aux côtés de Modestine,
une petite ânesse. Il nous convie à la découverte de cette région, à l’écart
des villes et des routes.
Son évocation des paysages est
subtile : peu d’accents lyrico-romantiques, des notations précises sur les
roches, les arbres, les sols. Mais il s’interroge sur son propre rapport à la
nature, recherchant la source de ses propres émotions. Il sent son humanité en
accord avec la nature, dans des tons volontiers panthéistes.
Parallèlement à cela, les
préoccupations de Stevenson sont bien concrètes et pratiques (le coucher,
l’eau, le harnachement de l’âne) et il aborde sa marche avec pragmatisme et
humour sans considération sur l’effort ou la marche.
Le mardi, 1er octobre, nous quittâmes Florac, bourrique fatiguée et conducteur de bourrique fatigué.
Poupelet, Âne et ânon broutant, encre de Chine, 1904, Centre Pompidou, image RMN. |
La même retenue s’observe dans les propos qu’il tient à propos de Modestine : quelques lignes à la fin montre finalement l’attachement qu’il avait pour elle. Mais ce sera tout.
Malgré le caractère sauvage du
territoire, il fait des rencontres. Stevenson est à la fois désireux de lier
conversation et soucieux d’être indépendant et peut aussi rester à l’écart des
habitations, pour être bien tranquille. Il faut dire que la région est d’un
calme contrastant avec son histoire violente et il raconte les luttes contre le
pouvoir royal.
C’est un texte concis, comme bien
souvent chez Stevenson, riche de toutes ses nuances.
Quant à moi, je voyage non pour
aller quelque part, mais pour marcher. Je voyage pour le plaisir de voyager.
L’important est de bouger, d’éprouver de plus près les nécessités et les
embarras de la vie, de quitter le lit douillet de la civilisation, de sentir
sous mes pieds le granit terrestre et les silex épars avec leurs coupants.
Ce billet clôt le challenge victorien d'Arieste. J'ai encore quelques titres de Stevenson à lire (mon billet sur ses nouvelles).
J'adore les ânes, Stevenson un peu moins, quoique...il faudrait que je relise pour en être sûre^^...
RépondreSupprimeril faut vraiment que je le lise!
RépondreSupprimerUn moment que je veux découvrir ce texte ! Je le renote et je le resouligne sur ma liste !!
RépondreSupprimerAsphodèle : j'aime bien la concision de Stevenson, l'efficacité de sa narration, très XVIIIe siècle. Mais je comprends que l'on puisse rester sur sa fin.
RépondreSupprimerMiriam et Lili : c'est un classique !
Toujours pas lu, et pourtant j'adore aller dans les Cévennes.
RépondreSupprimerUn texte délicieux de Stev. auteur sur lequel j'ai pas mal travaillé déjà
RépondreSupprimerje ne l'ai toujours pas lu, il faudra que je le fasse :)
RépondreSupprimerEt dire que c'est mon "pays" d'origine, les Cévennes! Et que je n'ai jamais lu le livre en entier! Trop d'extraits! Sand dans le château du pic de Pic Tordu fait elle aussi voyager ses personnages dans les Cévennes (région présentée aussi comme sauvage)
RépondreSupprimerJe suis en train de lire pas mal de récits de Stevenson, je veux essayer de trouver ses récits de voyage. Et effectivement le XIXe a un goût pour les régions "sauvages" qui n'ont pas encore succombé à la modernité, déjà sentie comme envahissante.
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