La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mercredi 4 septembre 2013

D’une façon générale, on peut dire que l’humour d’Arès peignait la politique sous un jour plutôt dépassé, même pour les critères de l’époque.


Aujourd’hui, place à deux déceptions. Des livres réussis, dont je vois bien les qualités, et donc qui ont droit à un billet (contrairement à d’autres, directement passés à la trappe) mais qui m’ont laissée à la porte.
Quelques mots donc sur Théodoropoulos et sur Vacca.

Takis Théodoropoulos, Le Va-nu-pieds des nuages, paru en 2010, traduit du grec par Gilles Decorvet, édité en France par Sabine Wespieser, 2012.

Les dieux de l’Olympe, fatigués du sempiternel sentiment de supériorité d’Athènes et de la fierté que la ville a d’elle-même, voyant que la guerre contre Sparte et qu’une épidémie ne suffisent pas à lui faire rabattre son caquet, trouve un moyen original pour que la cité arrogante doute de tout et d’elle-même et de ses institutions et de sa satanée Démocratie : renforcer l’influence d’un homme à « l’intelligence pas banale », Socrate. Un Démon lui est dépêché à cet effet. Le but étant qu’Athènes se mette à douter de ses propres mots. Par ailleurs, comme Athéna ne veut pas non plus que trop de doute s’empare de sa ville chérie, elle se débrouille pour qu’Aristophane prenne Socrate pour cible de sa nouvelle comédie.
Le Démon est le narrateur du roman, il s’adresse à l’écrivain.

C’est érudit et drôle, on sent que la familiarité avec la langue grecque ajoute beaucoup au talent de Théodoropoulos. Cela donne envie de mieux connaître Aristophane et Socrate. Et je note l’allusion à L’Âne d’or d’Apulée et au Nez de Gogol.
Mais… c’est le second livre que je lis de cet auteur et je suis déçue de constater un manque de renouvellement, comme s’il avait une recette bien établie. Donc, c’est très plaisant mais je suis quand même déçue. J’avais préféré Le Roman de Xenophon.

Compte pour le pari hellène.

Aphrodite accroupie dite Vénus de Vienne
Réplique romaine du 1er- 2e siècle ap J.-C. (d'après un bronze de la 
période hellénistique), Paris, musée du Louvre, image RMN.

Paul Vacca, La petite cloche au son grêle, 2008.

Ici, le narrateur est un petit garçon, dont le père tient un bistrot dans une petite ville. Un jour, il découvre La Recherche du temps perdu et toute sa vie (ainsi que celle de ses parents et amis) en est chamboulée.
Je dois avoir le cœur sec parce que ce roman (qui remporte de grands succès sur la blogosphère) ne m’a pas du tout touchée. Oui, c’est charmant mais… l’écriture ? Nous sommes dans une prousterie en bonne et due forme (comme d’autres font des austeneries pour reprendre le mot d’Alice) avec tous les accessoires et je reconnais que certaines idées m’ont fait sourire : la généralisation de l’expression « faire catleya » à tout le collège et l’augmentation brutale du prix des madeleines.
Comme le dit la boulangère « C’est que cette délicieuse pâtisserie porte en elle l’immense édifice du souvenir. Dame, ce n’est pas rien, ça ! ».

Mais l’ensemble m’a paru manquer de saveur. Il faut dire que la problématique est la même que dans le roman d’Annie Ernaux, La Place, et qu’il est difficile de soutenir la comparaison du point de vue de la littérature et de la violence sociale.  
Mais merci à Miss Alfie pour avoir pensé à me prêter ce livre !


6 commentaires:

Lili Galipette a dit…

Ah, enfin un avis dissonant sur le livre de Vacca ! Je commençais à me demander si je ne passais à côté d'un truc...
Mais en fait, non. Que ce soit une prousterie, passe encore, mais que ça rappelle "La place", NON MERCI ! Je suis totalement hermétique à Annie Ernaux.

nathalie a dit…

Mais le problème est que c'est très très en-dessous d'Ernaux et que c'est juste la thématique qui la rappelle. En rien la force.

Missycornish a dit…

Bon comme cela c'est dit! Je préfère me plonger dans Proust! Je commence enfin! cette fois-ci je tiens le bon bout!

nathalie a dit…

Commence par "Sur la lecture" c'est court et très beau et c'est une très belle introduction à "Combray".

miriam a dit…

Je viens de terminer le roman de Xenophon que j'ai bien apprécié. Grosse ou petite déception pour celui-ci?
En passant, le challenge hellène court-il toujours? j'aurais plusieurs billets mais pas pour tout de suite il faut que je termine d'abord le carnet macédonien (peut être peut il aussi entrer dans ton challenge?

nathalie a dit…

J'avais bien aimé Xénophon, petite déception pour Socrate. Le pari hellène court jusqu'à la fin octobre, ça te laisse le temps d'ajouter des tonnes de billets !