Jean Giono, Le Noyau d’abricot
et autres contes, recueil publié en 2011
par Grasset.
Ce tout petit livre rassemble des
contes à couleur orientale que Giono a publiés vers 1925, avant ses grands
romans. Ce sont des petites choses, comme des cerises ou des fruits d’été, des
délices.
Il y a des princesses, des
génies, de la magie, des jardins de rose et des esclaves dans un Orient rêvé,
fantasmé. Un Orient où les épithètes grecques abondent, où l’anis et l’olivier
sont des plantes légendaires, où une ville ressemble à Marseille… Un Orient de
Provence et nourri de culture humaniste. C’est toute la formation littéraire de
Giono qui apparaît dans ces contes : un autodidacte qui conte.
Au bas de la collinette, deux
bouleaux des monts de la lune marquaient de leur scintillement les pointes
extrêmes d’un marais. Il se dissimulait, sournois, sous une floraison de
nénuphars et d’iris flambe-d’eau. On apercevait entre les hampes vertes des
fleurs sa peau hérissée de pustules blanchâtres et sur laquelle se recourbaient
en volutes de phosphorescentes traînées de purulence.
Giono a le goût des mots rares et sonores. Tout est vivant, plein d’élégance, de sensualité et de désir. Il y a une très bonne introduction de Mireille Sacotte qui explique la façon de travailler de Giono et sa formation.
En extra, un conte en forme d’autoportrait.
Il y avait une fois un homme qui
était heureux : de basse naissance, pauvre, laid et perdu comme esclave
dans la bureaucratie des riches, il écoutait cependant tout le long du jour
bruire dans sa tête une caravane de désirs accessibles. À ses compagnons, il
disait en conversant la beauté des sultanes amoureuses, les douceurs de la
brise qui passe dans les pêchers en fleur à l’aube douce, la chanson de la
lumière ou tant d’autres choses si belles que, bouche bée, ils songeaient en
eux-mêmes : il est fou ! Lui, si laid, n’a jamais été aimé par les
sultanes, si pauvre, n’a pas de verger, et il ne voit le soleil qu’une fois la
semaine quand il ne pleut pas le jour du Seigneur.
Or, il continua à leur parler de
joie avec une ardeur si éblouissante qu’ils finirent par le croire blotti dans
la maligne étreinte d’un dieu. Quelques-uns suivirent ses gestes un soir qu’il
rentrait chez lui. Et l’homme s’étant arrêté devant l’étal d’un libraire, ils
le virent prendre dans sa poche une pincée de rondelles de bronze péniblement
gagnée dans la journée et acheter avec elles un livre : Verger, sultane
et soleil.
Pour découvrir Giono, je vous conseille Colline.
Pour découvrir Giono, je vous conseille Colline.
Je viens de terminer "Le chant du monde" de Giono : superbe roman !!
RépondreSupprimerTu me donnes envie de lire ses nouvelles ! Je me demande si elles ressemblent aux Orientales de Yourcenar !
Je suis assez fan de Giono ! J'en ai plusieurs en stock à lire. Je pense que Yourcenar est plus froide ou intellectuelle (mais c'est un a priori).
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup Jean Giono moi aussi ! La « trilogie de pan », les premiers écrits de Jean Giono, Colline, Regain, Un de Beaumugnes, me touchent particulièrement mais aussi Le chant du monde... rien que de vous écrire ça, j'en ai des frissons...
RépondreSupprimerJ'habite non loin de Manosque où il est né et a vécu.
Un auteur que j'aimais beaucoup lire quand j'étais ado.
RépondreSupprimerJe connais sa région, allant régulièrement en Montagne de Lure.
RépondreSupprimerJe vois qu'il a des adeptes !