Sylvie Germain, Petites scènes
capitales, 2013, édité par Albin Michel.
L’héroïne est Lili, qui raconte
sa vie depuis sa petite enfance jusqu’à sa vieillesse. Une vie marquée par
l’absence de la mère, au sein d’une famille compliquée dans la France de l’après-guerre.
Le roman se construit par courts chapitres, la vie passant par épisodes
successifs. Lili n’a pas un parcours facile, hésitant, se reprenant, piétinant.
Il a regardé couler la phrase scandée de virgules et de points comme autant d’herbes, de branches et de racines livrées au courant.
J’oscille entre trois postures.
Tout d’abord, l’ensemble me
paraît un peu vide.
Mais c’est le portrait d’une vie
ordinaire, avec ses drames et ses bouleversements, une vie qui continue vaille
que vaille et trace son chemin. Disons que je me trouve dans un contexte qui
fait que j’ai été très sensible à cette idée.
Enfin, la langue de Germain est
impressionnante, d’une force en décalage avec la simplicité du récit. Elle a le
goût de mots, choisis, rares, sonores et puissants, dans des énumérations qui
se perdent. C’est de la poésie en prose.
Les feuilles sont des milliers de mains à sept doigts inégaux, de
forme ovale, elles trémulent dans le vide, et parmi elles se dressent de fleurs
pyramidales assaillies d’insectes. Ces grappes blanches sont d’énormes gouttes
de lait qui pointent bizarrement vers le ciel au lieu de tomber. Elle vole,
elle vogue, elle vague dans un sein d’ombre odorante éclaboussé de macules de
soleil, d’abeilles et de thyrses laiteux.
C’est mon premier Sylvie Germain,
une romancière dont j’ai beaucoup entendu parlé (et avec passion). Son écriture
m’a impressionnée, par sa force, par l’enchaînement des mots, choisis pour leur
sonorité, mais le récit m’a laissée un peu sur ma faim. Je lirai donc avec
plaisir ses précédents romans !
Les femmes écrivains.
Lu dans le cadre des matchs de la Rentrée littéraire de PriceMinister, merci donc à PriceMinister. Ma note : 15/20.
Je fais aussi partie du panel qui a choisi ce livre qui m'a enthousiasmé comme toi.Parution Le 15 novembre. A bientôt.
RépondreSupprimerJe ne me serais pas décrite comme enthousiaste pour ce livre. Enthousiasmée par la langue, oui, en revanche. Curieuse de lire ton avis.
RépondreSupprimerJ'hésite à lire son dernier, à cause de cette exigence littéraire.
RépondreSupprimerC'est-à-dire que c'est précisément ce que j'ai aimé...
RépondreSupprimerEffectivement je n'avais pas bien lu tes réserves. Ma chronique le 15.
RépondreSupprimerCe n'est pas mon préféré de Sylvie Germain... mais cela reste pour moi un très bon roman. Et quelle écriture... mais bon, je suis une adepte sans réserve aucune de Sylvie Germain ;-)
RépondreSupprimerJe ne savais pas que le livre n'était pas encore sorti.
RépondreSupprimerMargotte : je comprends, je vois bien que c'est un grand écrivain même si ce roman-ci n'est pas le plus convaincant.