La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



lundi 2 décembre 2013

Si vous êtes incapable de voler un cheval sans scrupule, c’est que vous n’avez pas été élevé comme il faut.


Céline Minard, Faillir être flingué, édité chez Rivages, 2013.

Un roman à la lecture très agréable ! C’est un western dans les règles du genre, avec cow-boys, flingues, saloon, Indiens, chevaux et tous les accessoires.

Les hommes affluent, chacun avec leur histoire. Il y a deux frères avec un chariot tiré par des bœufs, l’un rêve d’une terre pour sa ferme, l’autre d’un commerce. Un homme vole un cheval à un autre. Un autre vole une paire de bottes. Des Indiens se font la guerre, enterrent leurs morts… Tout ce monde afflue vers une ville, qui n’a pas encore de nom, on y dort encore sous la tente, par manque de maisons. 
C’est un roman que j’ai lu lentement. Tout d’abord, au début, on ne voit pas très bien où Minard veut en venir. Et j’ai eu tendance à confondre toutes ces virilités à cheval et à chapeau. Ensuite on comprend qu’elle décrit la lente et aléatoire mise en place d’une ville. Parce qu’un nouveau venu se met en tête de construire une maison de bains et fait venir des baignoires par diligence, parce qu’un groupe de Chinois s’installe là, parce qu’un illuminé fait des dessins d’oiseaux… Malgré les bagarres ou les attaques, c’est bel et bien la naissance d’une ville et d’une civilisation qui est racontée, comme s’il s’agissait d’un mouvement inéluctable.

Les Crech, Marseille, Mucem, image RMN

Cela m’a fait penser à Naissance d’un pont de Maylis de Kerangal. Les langues, rythmes et styles des deux livres n’ont rien en commun. Minard a certaines tournures pleines de suggestion et de poésie alors que Kerangal manie un torrent d’énumérations lourdes et riches. Mais les projets se ressemblent. Les deux racontent comment des humains venus de partout et de nulle part s’assemblent pour contribuer à créer quelque chose, où chaque personnalité compte en s’intègrant dans un ensemble. Les deux ont une dimension de conte symbolique.

Brad attela les bœufs. Il aurait pu le faire les yeux bandés une nuit sans lune, c’était devenu une seconde nature, de celles qu’il appréciait particulièrement, comme le retour des saisons et la levée de l’orge au printemps, qui monte droit si on la plante bien.

Les avis d' Histoires de livres qui n'a pas aimé, de Jérôme qui parle de virtuosité, de Keisha qui a aussi eu du mal au début et de Dominique qui a aimé.





2 commentaires:

Dominique a dit…

j'ai marché immédiatement c'était comme de replonger dans les films de mon enfance
merci pour le lien

nathalie a dit…

J'avoue avoir mis plus de temps. Je crois aussi que mon impression est moins vive que la tienne.