Ville Ranta, Sept saisons, traduit du finnois par Kirsi Kinnunen, 2013, édité
en France chez Çà et là.
Ce volume évoque un monde proche
de celui de L’Exilé du Kalevala. Nous
nous situons ici à Oulu, un port de la côte nord-ouest, une toute petite ville,
dans les années 1840, à une époque où la Finlande, loin d’être indépendante,
appartient à l’Empire russe. Le livre insiste sur le poids du protestantisme,
dans les mentalités et dans les relations sociales. Le peuple est massivement
illettré et des prêcheurs charismatiques essaient de s’imposer. L’élite sociale
et culturelle est numériquement réduite et isolée, à la merci de la volonté de
l’empereur et du peuple. Et surtout chacun vit ses désirs dans la culpabilité
et le secret, mais la chair est omniprésente. Nous suivons un petit groupe d’individus,
dans leurs passions et leurs déceptions.
Autant le dire, ce volume est à
mon sens bien plus réussi que le précédent. Le prétexte du récit est plus
fourni, plus riche, plus intéressant. Là-encore, la vie en Finlande est
parfaitement rendue dans ses détails. Peut-être parce qu’on ne retrouve plus la
folie de Lönnrot (qui fait pourtant une apparition), j’ai eu moins de
difficulté à suivre et à identifier les personnages.
Le dessin s’est élargi, il gagne en amplitude et en respiration. Et l’aquarelle n’ajoute pas seulement de la couleur, elle donne une atmosphère. La lumière propre à chaque saison (la nuit permanente, le jour constant, la neige, la neige fondue…) est rendue par ces larges aplats de couleur. Le paysage et les états d’âme tourmentés des personnages s’accordent. Cette lecture me ravit.
Je n'ai jamais songé à écrire " il gagne en amplitude et en respiration". En respiration... souvent j'ai ressenti ça sans jamais le noter.
RépondreSupprimerOui, j'aurais pu dire que le dessin est plus aéré, cela aurait été peut-être mieux en effet ! Ou qu'il est moins serré.
RépondreSupprimerD'après les divers avis lus sur les blogs, ce roman graphique fait l'unanimité !!
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