Gustave Flaubert, Salammbô, 1862.
Relu ce roman exotique bien connu.
C’était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d’Hamilcar.
L’histoire se déroule à Carthage et prend place dans la lutte que
se livre Carthage et les Mercenaires qui lui ont apporté la victoire mais qui
n’ont pas été payés. Une guerre terrible s’engage. C’est aussi l’histoire du
lien – de l’amour ?- entre Mâtho, un chef mercenaire, et Salammbô, prêtresse
de la Lune, fille d’Hamilcar, l’homme de Carthage.
Quand elle a paru, tous les flambeaux ont pâli. Entre les diamants de son collier, des places sur sa poitrine nue resplendissaient ; on sentait derrière elle comme l’odeur d’un temple, et quelque chose s’échappait de tout son être qui était plus suave que le vin et plus terrible que la mort. Elle marchait cependant, et puis elle s’est arrêtée.
Autant le dire, ce n’est pas le roman le plus réussi de Flaubert selon
moi. Les descriptions des mouvements de troupes m’ont lassée. Et Flaubert s’est
livré au plaisir de l’ultra documentation archéologique sur les lieux. On
aboutit à un roman avec beaucoup de références plus ou moins ésotériques, avec
des énumérations tout aussi lassantes. Il s’est régalé en employant les mots
rares pour désigner les armes, les tortures, les animaux, les matériaux, les
pierres précieuses, des objets inconnus et exotiques pour les bourgeois du XIXe
siècle. À vrai dire, j’ai pensé à Huysmans et à des Esseintes, dans ce goût
pour les raretés de toutes sortes.
Au loin, des troupeaux réveillés bêlaient, et quelque chose d’une douceur infinie semblait s’abattre sur la terre.
C’est un roman antique et africain, oriental et exotique, plein de
violence barbare, de mystères et de démesure. Les personnages ne sont guère
humains et Salammbô est une sorte d’idole plus précieuse et rare que les autres.
C’est une grande fresque haute en couleurs, dépaysante, mais qui, à mon goût,
manque de relief.
Quel est ce peuple, pensaient-ils, qui s’amuse à crucifier les lions !
On se situe dans une période lointaine, dans un Orient fantasmé, où
tout est magique. Mais le charme de la langue opère malgré tout, je m’aperçois
en rédigeant ce billet, que j’ai marqué de nombreux passages.
Un vent chaud soufflait. Des caméléons rampaient sur les feuilles larges des cactus.
Ce que j’ai préféré, ce sont les descriptions des jardins, de la mer et
de l’air. C’est là que Flaubert est le plus poète en campant une atmosphère si
évocatrice. Mais les détails de la narration ne m’ont pas trop intéressée.
La nuit était sombre, un brouillard grisâtre semblait peser sur la mer.
Elle battait contre la falaise avec un bruit de râles et de sanglots ; et
des ombres peu à peu s’évanouissaient comme si elles eussent passé à travers
les murs.
Mes billets sur L'Éducation sentimentale et Madame Bovary. Mon préféré reste quand même le récit de voyage en Bretagne.
J'aime tant ce roman !!
RépondreSupprimerLu quand j'étais ado, j'en garde encore un souvenir ému des années plus tard.
RépondreSupprimerle tableau de Gérôme est hyperréaliste!
RépondreSupprimerBon je suis plus insensible que Lili et Alex, peut-être que la magie opère mieux sur les ado.
RépondreSupprimerMiriam : oui, l'art de Gérôme a quelque chose de la photographie. On ne sait jamais s'il s'agit d'un Orient un peu rêvé ou franchement antique, en plus.
Pas forcément! Je l'ai lu aussi quand j'étais ado. Je me suis beaucoup ennuyée, j'ai été horrifiée par certains passages et j'en suis restée fâchée avec Flaubert. Bouvard et Pécuchet, lu beaucoup plus tard, m'a un peu réconciliée avec lui et le Journal des frères Goncourt, qui évoque plus d'une fois sa façon de travailler, m'a donné envie de le relire, mais je garde quand même une certaine appréhension.
RépondreSupprimerMoi j'aime bien Flaubert, mais là j'ai vraiment calé. Je me suis ennuyée...
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