La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mardi 1 juillet 2014

Le monde aura fini de s’emmerder le jour où les hommes voyageront en première classe et la littérature dans le fourgon à bagages.

 Gabriel García Márquez, Cent ans de solitude, traduit de l’espagnol par Claude et Carmen Durand, publication originale 1967.

C’est l’histoire de Macondo, village perdu au milieu de la forêt d’un pays d’Amérique du Sud, devenu ville prospère et bientôt ruine dévorée par les fourmis. C’est l’histoire d’une famille, les Buendia, où tous les hommes ont les mêmes prénoms et où les femmes parcourent les couloirs des maisons l’âme en peine. C’est aussi l’histoire de la maison des Buendia tenue par la mère, Ursula, qui a la mémoire de la famille et du village.

Macondo était alors un village d’une vingtaine de maisons en glaise et en roseaux, construites au bord d’une rivière dont les eaux diaphanes roulaient sur un lit de pierres polies, blanches, énormes comme des œufs préhistoriques. Le monde était si récent que beaucoup de choses n’avaient pas encore de nom et pour les mentionner, il fallait les montrer du doigt.

C’est un peu plus compliqué pour entrer davantage dans les détails (mais pour le résumé bien planplan y a Wiki).
L’idée est de se perdre, se perdre dans les méandres de la famille et de tous ces Aureliano et ces José Arcadio qui procréent à tour de bras tout en demeurant dans une constante solitude. Les bébés apparaissent, alors que les mères s’effacent, de plus en plus petites et invisibles. Seule la mémoire d’Ursula permet vaguement de contenir tous les événements, mais la ruine de la maison est annoncée dès le début. La mémoire et le passé des hommes sont voués à disparaître.

« Les années de maintenant ne sont plus comme dans le temps », avait-elle coutume de dire, sentant la réalité quotidienne lui échapper des mains.

Illustration de Gustavio Pérez trouvé sur le blog El sexto nivel
C’est un conte sur l’Amérique du Sud, un village de pionniers dans une forêt. On y croise un galion espagnol, des prostituées françaises, des hommes d’affaires américains, une guerre civile, une dictature, une bananeraie, des ouvriers massacrés…
C’est aussi un monde où les coïncidences trop énormes, le merveilleux, la magie ont leur place dans les cartes où on lit l’avenir, dans les manuscrits d’un gitan, dans les bêtes bizarres qui naissent, dans la force surhumaine, etc. Macondo est un en dehors du monde et obéit à ses lois propres. La simplicité de la langue présente les événements les plus extraordinaires comme ordinaires et évidents que rien ne les distingue.

Dès lors ils surent que les obsessions dominantes l’emportaient sur la mort, et ils recommencèrent  à être heureux avec la certitude qu’ils continueraient à s’aimer dans leur devenir de fantômes, longtemps après que d’autres espèces animales à venir auraient ravi aux insectes ce paradis de misère que les insectes finissaient de ravir aux hommes.

Il y a de la part de l’auteur beaucoup d’affection pour ce village disparu et oublié qui a un goût d’enfance, pour ces personnages qui se rêvent un destin mais qui demeurent obstinément seuls.

Alors commença à se lever le vent, tiède et tout jeunet, plein de voix du passé, des murmures des géraniums anciens, de soupirs de désillusions encore antérieures aux plus tenaces nostalgies.

Je retiens le bruit des fourmis qui rongent la maison qui empêche de dormir.

Il s’agissait d’une lecture commune menée par Cryssilda, j’ai deux semaines de retard (livre touffu) mais me voici.

4 commentaires:

Lili Galipette a dit…

Ah, quelle lecture ! Quel conteur que ce Garcia Marquez !

nathalie a dit…

Une découverte pour moi, un grand plaisir aussi.

miriam a dit…

un souvenir excellent mais lu il y a trop longtemps, à relire donc!

Lili a dit…

Il est en bonne place dans ma PAL. J'avais adoré "De l'amour et autres démons". Un conteur merveilleux !