Jules Michelet, Histoire de
France. Moyen Âge, vol. 1 et vol. II, 1833.
Je me suis lancée à l’assaut de Michelet, à raison d’un volume par an.
Aujourd’hui, billet double pour le volume 1 (lu en 2013) et le volume 2 (cette
année).
Le premier volume, c’est la France avant la France, depuis l’histoire
des populations qui ont peuplé l’Europe jusqu’à l’avènement des capétiens.
Entre les deux, il est question des Francs (je n’ai rien compris à
l’enchevêtrement mérovingien) et surtout des Celtes et des Gaulois. Michelet,
comme Mérimée (et comme beaucoup d’autres dont se moque Flaubert), a une vraie
passion pour la culture celte et les pierres bretonnes.
Michelet croit aux races, ce qui est gênant, tout en exaltant leurs
mélanges. Il traque les spécificités identitaires de chaque peuple – le germe
de la Révolution doit bien se trouver chez les Gaulois.
Il semble qu’une race qui ne changeait pas lorsque tout
changeait autour d’elle eût dû vaincre par sa persistance seule, et finir par
imposer son génie au monde. Le contraire est arrivé ; plus cette race
s’est isolée, plus elle a conservé son originalité primitive, et plus elle a
tombé et déchu. Rester original, se préserver de l’influence étrangère,
repousser les idées des autres, c’est demeurer incomplet et faible.
On lit aussi la peur de cette Allemagne des forêts saxonnes, aux mythes
anciens et puissants, qui est, quand Michelet écrit, en train de constituer son
unité.
F. Cormon, Gaulois à cheval, 1897, Petit palais, image M&M |
Le volume 2 entre vraiment dans l’histoire et nous mène jusqu’à la mort
de Saint Louis.
En introduction, un morceau de bravoure avec un vaste et beau panorama
de la France géographique du point de vue des populations, où chaque région est
individualisée tout en étant rattachée à l’ensemble. À chaque fois, Michelet
essaye de déterminer l’esprit et le tempérament de la région (un peu pénible),
mais l’intéressant est qu’aucune n’a une franche supériorité ou une franche
infériorité. Si avec ça, vous ne comprenez pas que la richesse de la France est
dans l’union de ses différentes régions et que Michelet fait aussi l’histoire
de cette unité réussie avec en vue son XIXe siècle…
Toutefois je ne tardai pas à m’apercevoir, dans le silence apparent de ces galeries, qu’il y avait un mouvement, un murmure qui n’était pas de la mort. Ces papiers, ces parchemins laissés là depuis longtemps ne demandaient pas mieux que de revenir au jour. Ces papiers ne sont pas des papiers, mais des vies d’hommes, de provinces, de peuples.
Cressac (Charente) Chapelle des Templiers, XIIe siècle, copie conservée à la Cité de l'Architeture, image M&M |
Il raconte le conflit entre pape et empereur, la conquête de
l’Angleterre par Guillaume le Conquérant, l’extension des Normands en
Méditerranée, le début des guerres entre France et Angleterre, les Cathares,
mais surtout les Croisades. Michelet dit pas mal de bêtise sur l’Islam, mais en
revanche il a à cœur de montrer que les croisades ont permis à une Europe de se
construire. Tout comme dans Le Talismande Walter Scott, l’image de Saladin est très positive, surtout en comparaison
des souverains occidentaux, dont le portrait n’a rien de glorieux et tout de
l’hypocrisie.
Le livre s’achève sur Saint Louis, dont Michelet donne une vision
christique.
Les croisés qui, sur la foi de nos poèmes chevaleresques, avaient été chercher des empires de Trébizonde, des paradis de Jéricho, des Jérusalem d’émeraudes et de saphirs, n’avaient trouvé qu’âpres vallées, cavalerie de vautours, tranchant acier de Damas, désert aride, et la soif sous le maigre ombrage du palmier. La croisade avait été ce fruit perfide des bords de la mer Morte, qui aux yeux offrait une orange, et qui dans la bouche n’était plus que cendre.
David d'Angers, Foulque Nera, 1846, Angers, Galerie David d'Angers, image M&M. |
C’est une histoire sans date, mais avec citations d’archives, racontant
sans analyser. On ne fait plus l’histoire ainsi !
Suite de ma lecture en 2015.
Je voulais du moins parler de Notre-Dame de Paris. Mais quelqu’un a marqué ce monument d’une telle griffe de lion, que personne désormais ne se hasardera d’y toucher. C’est sa chose désormais, c’est son fief, c’est le majorat de Quasimodo. Il a bâti, à côté de la vieille cathédrale, une cathédrale de poésie, aussi ferme que les fondements de l’autre, aussi haute que ses tours.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
N’hésitez pas à me raconter vos galères de commentaire (enfin, si vous réussissez à les poster !).