Charlotte Brontë, Le Professeur, traduit de l’anglais par
Henriette Loreau, écrit en 1847, publié à titre posthume en 1857.
Un roman peu connu de Charlotte
Brontë (son premier en réalité) dont la thématique est très proche de Villette. Ici le narrateur est un jeune
homme, William, sorti d’Eton et aristocrate (grosses différences avec la petite
héroïne de Villette, il est nettement
mieux parti dans la vie) sans le sou et en rupture avec sa famille. Arrivé à
Bruxelles, il devient professeur d’anglais dans un pensionnat, etc. pourrait-on dire.
C’est un roman très agréable, qui
se dévore véritablement. Bruxelles est bien mieux traité que le Villette
d’opérette. J’ai retrouvé une fois encore ce plaisir de lire un livre mettant
en scène des jeunes gens se retroussant les manches face à l’adversité :
je ne peux m’empêcher d’y lire quelque chose de personnel et de m’imprégner de
leur dynamisme et de leur espoir. Ici le narrateur est cependant loin d’être en
proie au même désespoir que la Lucy de Villette, et on n’est pas touché de la même manière par
sa situation (il est même moins sympathique). Brontë s’est sans doute davantage projetée dans son héroïne
féminine.
Je gravissais la colline dans l’ombre ; je rencontrais des épines et des cailloux sous mes pas : pourquoi m’en occuper ? Mes yeux ne voyaient que le ciel, et j’oubliais les pierres qui me déchiraient les pieds, les ronces qui me lacéraient le visage.
H. Raeburn, Portrait d'Elizabeth Hamilton, écrivain et
pédagogue,
vers 1812, Edimbourg, National
Galleries of Scotland, image RMN
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Le point qui me paraît assez
faible est l’attitude de William vis-à-vis de celle qui deviendra son
épouse : une constante supériorité – n’est-il pas le professeur ? C’est tout à fait énervant, d’autant que la
jeune femme est active et pleine d’énergie. Quant à son obsession du thé
anglais, elle est bien sympathique, mais bon…
On retrouve enfin cette vision du
pensionnat comme étant à la fois un lieu clos soumis à la tyrannie de son
dirigeant et comme un lieu idyllique. Indubitablement, les portraits des
directeurs et directrices de pension, des différents maîtres d’études et des
élèves sont nourris de l’observation directe de Brontë.
Que Dieu le bénisse ! Il va
bien rire quand, au lieu d’un couple de tourtereaux grassouillets, roucoulant
et se becquetant sous un berceau de rosiers, il trouvera un maigre cormoran
sans compagne et sans abri, piteusement perché sur le roc stérile de la misère.
Je me suis reprise d'intérêt pour l'oeuvre des soeurs Brontë il y a quelques mois. Ado, j'avais bien sûr lu "Les hauts de Hurlevent" et surtout le magnifique "Jane Eyre". Je crois que rien ne peut l'égaler. J'ai plus récemment découvert les deux romans d'Anne avec plaisir. Chaque soeur a un grand talent mais un style et une ambiance bien différents. Maintenant, il faut que je creuse les autres titres de Charlotte et celui-ci est dans ma PAL.
RépondreSupprimerDans ma PAL, un roman que je me promets de lire depuis longtemps !
RépondreSupprimerPas encore lu ! Peut-être cet hiver...
RépondreSupprimerPour ma part je lis les soeurs l'une après l'autre, soigneusement. J'en suis à Charlotte, je connais déjà son Jane Eyre mais je compte le relire aussi.
RépondreSupprimerLes trois ont effectivement du talent, chacune à sa manière. Emily âpre et passionnée, le calme et le réalisme d'Anne, et Charlotte qui tente des romans très fouillés, très introspectifs...
Je souhaiterai beaucoup le lire. J'avais bien aimé "Jane Eyre" en plus !
RépondreSupprimerJamais lu, mais ce billet me donne envie de le lire, c'est noté. No thé ?
RépondreSupprimerTrès intéressant. J'adore les soeurs Brontë bien sûr et chaque écrit est une belle découverte.
RépondreSupprimerJe vois qu'il y a des fans brontesques !
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