Howard Frank Mosher, Québec Bill Bonhomme, traduit de
l’américain par Brice Matthieussent, parution originale 1977.
Une sorte de roman d’aventure.
Nous sommes en 1932 au nord du
Vermont, tout près de la frontière avec le Canada, en pleine prohibition. Le
narrateur, Wild Bill, est un adolescent et le Québec Bill Bonhomme du titre est
son père, qui n’est pas sans rappeler d’autres pères à l’enthousiasme menant
invariablement à l’échec (tel celui de La Berge des rennes déchus). Ils entreprennent une expédition en canoë
pour aller chercher une cargaison de whisky. Il est peu de dire que rien ne se
passe comme prévu : des bandits albinos tirent au canon sur le lac, passage par
un asile, vol d’un train, puis celui d’un avion, le tout en pêchant des
truites. Entre ces épisodes rocambolesques, le garçon intercale des chapitres
relatant l’histoire de sa famille, de façon à ce que l’épopée soit aussi le
récit d’une époque et d’une filiation, plus émouvante que ce que l’on peut
croire au premier abord.
À quatre-vingt-dix ans, Cordélia mesurait un mètre quatre-vingts. Elle semblait maigre et gauche, tel le héron bleu qui se tenait sur une patte dans notre torrent en juillet et en août, mais elle distribuait ses coups de baguette avec la vivacité et la précision de ce même oiseau quand il embroche une truite de rivière sur son long bec pointu.
Paysage du Vermont. Photo piquée sur Vermontvacation.com |
Ce n’est pas très évident de
parler de ce livre foisonnant, à la fois drôle et tragique. En sous-texte, on
lit un hommage à une région de lacs, de forêts et de marais mystérieux, où le souvenir des combats entre Anglais et Français n'est pas si loin. La nature y semble extraordinaire et unique. Carcajou, le bandit albinos, est une figure mythique du mal et le temps semble
fonctionner par cycles. Face aux catastrophes, la réaction du père n’est-elle
pas de s’émerveiller sur la beauté de la vie ?
Je note l’évocation irrésistible
des castors en ingénieurs français construisant un barrage gigantesque, du
taureau Hercule revenu à l’état sauvage et du lion à dents de sabre ressuscité.
Sur cette réplique, mon père
parut atteindre une véritable épiphanie. Les échecs de tous ordres lui avaient
régulièrement inspiré ses plus beaux moments, mais nous avions désormais
dépassé le stade du simple échec.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
N’hésitez pas à me raconter vos galères de commentaire (enfin, si vous réussissez à les poster !).