Irène Némirovsky, Le Maître des âmes, 1939.
Je reste sur une étrange
impression quant à ce roman.
Dans les années 1920, le héros,
Dario, est venu de loin, de la Crimée, pour être médecin en France et devenir
riche. Au début du roman, il se trouve à Nice avec sa femme et son fils, pauvre
parmi les pauvres, conscient qu’un médecin doit être riche simplement pour
pouvoir se constituer une clientèle. Le roman raconte son ascension sans
scrupule, devenu médecin charlatan des femmes riches et prêt à des compromis
malhonnêtes.
Dario est un personnage flirtant
avec la mythologie. Juif errant, l’Oriental, le métèque, mais aussi Rastignac
ou Dorian Grey, il fuit les dettes et la pauvreté en courant, cynique et
malheureux. Cet imaginaire est très riche et nourrit le roman en profondeur,
même si j’ai trouvé quelques redondances dans le traitement de cette
thématique. Il faut aussi reconnaître que sa fréquentation est loin d’être
agréable (d’où mon sentiment de malaise). J’ai trouvé que son ascension
demeurait un peu mystérieuse, car si l’on sait que sa médecine plagie les
thèses de la psychanalyse, on ne sait pas trop quelle est la clé de son emprise
sur ses riches clients. De ce fait, le roman m’a paru quelquefois un peu
abstrait. Mais le climat médical de l'époque m'a paru éclairé par ce documentaire sur Voronoff : charlatanisme, aventurier, espoir de vaincre la mort, antisémitisme, goût pour les expériences étranges, rôle de la mode.
V. Bernard, Au soleil, Musée des Beaux arts de Marseille |
C’est cela mon malheur. Cela
vient de loin, de l’enfance. Croire de tout son cœur que la vie est peuplée de
monstres. Et que croire d’autre ? quand on n’a vu que misère, que
violence, que rapines et cruautés ? Plus tard, la vie n’arrivera pas à
vous détromper. Elle fera de son mieux, souvent. Elle vous comblera des biens
de ce monde : richesse, honneurs et même affections véritables. Vous la
verrez, jusqu’au dernier jour, avec vos yeux d’enfant : une mêlée
horrible.
Je n'ai lu que 2 romans d l'auteure, mais j'ai eut l'impression qu'elle tournait toujours autour du même sujet.
RépondreSupprimerC'est le premier que je lis, donc je ne peux pas dire.
SupprimerJe n'ai encore rien lu de cet auteur et je suis bien tentée par ce titre qui a l'air très influencé par beaucoup d'autres livres.
RépondreSupprimerOn sent toute la littérature du XIXe siècle dans la plume, Balzac et Zola en premier, mais peut-être Huysmans pour ce goût pour un univers gâté par une tare morale.
SupprimerJe n'ai jamais lu cette auteure même si elle devient vraiment un incontournable.
RépondreSupprimerElle est très courue sur les blogs en effet.
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