La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



lundi 13 avril 2015

De nombreux missionnaires avaient été mangés, et il fallait qu’elle avertisse leurs familles.

Jeanette Winterson, Les Oranges ne sont pas les seuls fruits, traduit de l’anglais par Kim Trân, parution originale 1985.

La narratrice raconte son enfance en Angleterre auprès d’une mère pentecôtiste qui combat le Diable et les voisins sans guère de nuances. Elle est destinée à être missionnaire dès sa naissance et a un peu de mal à s’intégrer à l’école (sans blague !). Le livre raconte aussi son adolescence et son départ de la famille.
Il s’agit d’une autobiographie romancée pleine d’humour. Ce récit avait tous les ingrédients pour être sinistre, décrivant l’enfermement d’une enfant au milieu d’exaltés, mais est au contraire plein de vie et d’anecdotes savoureuses, car en dépit de ses principes rigides, la mère est aussi humaine. La narratrice adopte un ton tantôt naïf, retranscrivant sans distance les croyances et les mythologies bibliques, tantôt décalé, se moquant gentiment des chanteuses au tambourin qui envahissent les rues au moment de Noël.

Le Rapport sur les missionnaires était pour moi une affaire de la plus haute importance parce que notre repas de midi en dépendant. Si tout se passait bien, s’il n’y avait pas eu de morts et si l’on avait fait beaucoup de nouveaux convertis, ma mère mettait un rôti au four.

T. Roussel,  Fille lisant, 1886-1887, Londres,  Tate Britain, M&M
Un moment très drôle : la petite fille a appris à reconnaître les animaux dans le Deutéronome, parmi la liste des animaux interdits à manger. À l’école, elle ne dessine donc pas des chatons ou des poneys, mais des crevettes. Cela finit par inquiéter l’institutrice.
Autre clin d’œil : La mère a donné Jane Eyre à sa fille. Enfin, Jane Eyre dont la fin a été modifiée en accord avec ses convictions, pour soutenir le travail des missionnaires.
Le récit s’interrompt quelquefois pour des paraboles bibliques ou arthuriennes, aux couleurs de contes de fées. Cela m’a un peu déroutée, même si certains passages sont pleins de poésie.

Elle disait que les deux dames étaient des marchandes de Passions contre Nature. J’ai cru qu’elle voulait dire qu’elles mettaient des produits chimiques dans leurs bonbons.


4 commentaires:

miriam a dit…

je note, je cris que cela e=me plaira

nathalie a dit…

Un autre de ses livres a eu du succès, il s'agit de quelque chose comme "pourquoi être heureux quand on peut être écrivain" (ou un truc du genre), que je lirai sûrement.

Anis a dit…

Je ne l'ai pas encore lue mais je sais qu'elle est un sacré personnage.

nathalie a dit…

Oui, en effet, elle est bien connue en GB.