Rosa Montero, L’Idée ridicule de ne plus jamais te revoir,
traduit de l’espagnol par Myriam Chirousse, 2013.
Un livre absolument
bouleversant !
Après le décès de son mari, Rosa
Montero reçoit la proposition d’écrire une préface à l’édition espagnole de la
lettre que Marie Curie adresse à Pierre, son époux mort dans un accident.
Montero s’engouffre dans la personne de Curie pour parler de la mort, du deuil,
de la perte, du chagrin, comme devant un miroir déformé. Elle prend aussi le point de vue d’une femme
résolument féministe et ancrée dans son temps, tentant de saisir l’intimité
affective de la double prix Nobel.
Ce livre qui n’est pas un roman livre
des réflexions diverses, elles-mêmes nourries de la lecture de biographies de
Marie Curie et d’études scientifiques et de l’expérience personnelle de
l’auteur. Montero parle de la famille de Marie Curie, de ses forces et faiblesses, essaie d'approcher son intériorité.
Pour vivre, nous devons nous raconter. Nous sommes un produit de notre imagination. Notre mémoire est en réalité une invention, un conte que nous réécrivons un peu tous les jours.
Ce livre m’a bouleversée. Sans
doute parce que j’ai enduré deux deuils récemment et que je vis avec la maladie
de Moustachu, il m’a parlé très directement et j’ai souvent eu la larme à
l’œil. Montero parle avec justesse et sensibilité de ces douleurs-là, tout en
mettant en avant la puissance de l’art, de la beauté et des mots au sein de ces
moments, qui font étroitement partie de la vie. Elle dit aussi que ces deuils
connaissent leurs moments grotesques ou comiques, leurs instants d’humour, de
douceur, ou d’agacement qui sont inattendus, mais qu’il faut reconnaître parce
qu’ils en font partie intégrante.
Stèle funéraire, moyen Euphrate, IIe siècle ap. JC, Musée des Beaux-arts de Lyon |
Parce que, quand la douleur s’abat sur vous sans palliatifs, ce qu’elle vous arrache en premier c’est les #Mots. Il est probable que vous reconnaissiez ce que je dis : vous l’avez peut-être vécu, car la souffrance est une chose très commune dans toutes les vies (comme la joie). Je parle de cette douleur qui est tellement grand qu’elle ne semble même pas naître à l’intérieur de vous, c’est plutôt comme si vous aviez été enseveli par une avalanche.
Le goût de l’auteur pour son
temps et son sens des mots apparaissent dans l’usage qu’elle fait des hashtags.
Quand on est sur twitter, comme l’est Montero (@BrunaHusky ), on en vient à penser à voix
haute en faisant usage de ces noms comme autant d’emblèmes ou de mots-clés pour
donner la couleur d’une journée, désigner une activité récurrente, un grand
problème insoluble ou renvoyer en un mot à un lourd inconscient présent en arrière-plan. À noter que l’héroïne des Larmes sous la pluie apparaît discrètement sous la forme d’un hommage
à la #Mutante.
L’honnêteté m’oblige à
reconnaître quelques bavardages un peu longs, mais qui ne m’empêchent pas de
conseiller vivement la lecture de ce livre.
Qu’il y a, en effet, un
inconscient collectif qui nous entretisse, comme si nous étions un banc de
poissons serrés qui dansent à l’unisson sans le savoir. Et les #Coïncidences
font partie de cette danse, de ce tout, de cette musique, de cette chanson
commune que nous n’arrivons pas à écouter tout à fait parce que le vent ne nous
apporte que des notes isolées.
ton billet en ajoute encore à mes envies de lire ce livre.. il est noté..
RépondreSupprimerJ'avoue que l'on commence à être une petite troupe.
SupprimerJ'ai une telle trouille du deuil et de la mort, pour avoir assez mal vécu ces moments jusqu'à présent (mais peut-on bien les vivre ?...) que j'attendrai pour me plonger dans cet ouvrage... Peut-être en revanche que c'est le type de lecture qui peut soulager et aider le jour où...
RépondreSupprimerC'est un auteur que j'aime bien, mais je ne pensais pas que cela me ferait cet effet. Ceci dit, ce n'est pas un livre violent, plutôt plein de douceur et de bon sens.
SupprimerSur la stèle, la pauvre femme a l'air bien triste de se trouver là...
RépondreSupprimerMais qui sait en quoi croyait ce couple ?
SupprimerJ'avais noté ce titre déjà, évidemment.
RépondreSupprimerPleins de pensées
C'est un beau livre, mais je suppose que l'on le reçoit différemment selon les sensibilités.
SupprimerDécidément une auteure à suivre, Je n'ai pas lu celui-ci mais je connais déjà le titre et ton avis me conforte dans l'idée que je le lirai.
RépondreSupprimerJe suis plus mitigée sur ses romans, un que j'ai beaucoup aimé, un autre nettement moins.
SupprimerBon, ça y est, je l'ai noté, enfin !
RépondreSupprimerOups. J'espère qu'il te plaira.
Supprimer(alex a craqué!)
RépondreSupprimerBon, maintenant il faut lire La folle du logis, sur un autre thème, mais tout aussi bien;
Déjà lu nanananèreuh !
SupprimerMerci pour ta participation au mois espagnol.
RépondreSupprimerJe le note... hors mois espagnol - je sais que je n'aurai pas le temps de le lire d'ici la fin du mois, je fais baisser ma PAL espagnole en priorité.
J'avais épuisé mes stocks à l'automne, donc je comprends bien.
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