João Almino, Hôtel Brasília, traduit du brésilien par Geneviève Leibrich, paru
au Brésil en 2011, édité en France chez Métailié.
Ce court roman est centré autour
de la création et de l’inauguration de Brasília. Le narrateur, à peine
adolescent, vit avec son père et ses deux tantes, dans la ville supposée
provisoire qui accueille les milliers de travailleurs destinés à construire la
capitale fabriquée le plus rapidement au monde. Le récit est rétrospectif et le
narrateur adulte raconte aussi bien le déroulé des différentes cérémonies d’inauguration,
la vie de son père entre les femmes et les affaires financières, le règlement
de comptes entre son père et lui et surtout la mort, et peut-être le meurtre,
d’un mystérieux Valdivino.
Le dimanche suivant, dans le confessionnal de l’église São João Bosco, j’omis de raconter au père Roque, d’une voix très basse, les détails les plus peccamineux : « J’ai vu tante Mathilde… » J’allais dire « nue », mais le curé trouva mon hésitation suffisante pour que je récite plusieurs Je-vous-salue-Marie, grâce auxquels Dieu pardonna mes divers péchés, celui de la vue, celui du toucher, celui du goût et surtout celui de l’imagination.
Car si l’on compte lire un roman
nous plongeant dans ce chantier gigantesque, on est déçu, disons-le. Ce sont
les personnages du père et de Valdivino qui intéressent le narrateur, autour
desquels se croisent des femmes, qui restent toujours un peu mystérieuses pour
ce pré-adolescent, et les personnages réels qui ont bâti Brasília : JK (le
président de la République), Oscar Niemeyer, Bernardo Sayão, etc.
Certains passages sont vraiment
fouillis (surtout les 10 premières pages, c’est bête), mais j’ai apprécié les
évocations de la ville en devenir. Le roman insiste sur les contrastes de paysage
et de climat des différentes régions du Brésil. Beaucoup d’ouvriers et de
fonctionnaire viennent de la côte ou du Nordeste et découvrent la forêt
tropicale (l’évocation de cette surprise constitue les passages les plus
réussis). Le livre donne envie d’en savoir plus sur cette ville construite dans
des conditions si étranges. Il y est question des ingénieurs, des prostituées,
des arnaques, de la spéculation immobilière et de toutes les rumeurs d’un
chantier colossal.
Cinquante mille petites
silhouettes de travailleurs, telles des fourmis, mettaient en scène la danse
chaotique des marteaux entre des dalles de ciment et les fers qui zébraient le
ciel. Derrière ces horizons où je distinguais tant de beauté, papa contemplait
des montagnes d’argent et il avait raison, car la ville s’élevait à un rythme
effréné, dû à l’émission d’argent par le gouvernement et aux investissements
des instituts de prévoyance qui achetaient des terrains à bâtir pour construire
à toute vitesse leurs immeubles d’appartements respectifs.
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