Ueda Akinari, Contes de pluie et de lune, traduit du
japonais par René Sieffert, parution originale 1776, édité en France chez
Gallimard.
Relecture ravie de ces contes
anciens japonais.
Les contes ou nouvelles prennent
place dans un Japon rural et font apparaître des fantômes, des démons, des
esprits. C’est évidemment extrêmement exotique pour nous, car tout nous est
étranger. Heureusement, l’appareil de notes permet au choix une lecture érudite
ou simplement de découverte, pour entreprendre un voyage dans le temps et
l’espace. Les moines zen ou bouddhistes, les bushi (= les guerriers), les
chrysanthèmes, les carpes, l’art de la description des paysages, la façon de
manger, tout nous transporte, pour peu que le lecteur fasse le léger effort
d’accepter de ne pas tout comprendre.
Les jours précieux, rapides, allaient s’écoulant : les basses branches du chalef se teintaient, dans un chatoiement de chrysanthèmes sauvages des haies, était arrivée, à son tour, la neuvième lune.
On apprécie bien sûr la présence
du surnaturel ou du merveilleux, qui s’entrecroise étroitement avec les
pratiques religieuses et le quotidien des personnages. Une femme jalouse peut
détruire le mari infidèle comme dans un pur film d’horreur, un moine se mettre
à dévorer les cadavres, les fantômes apparaître à leurs amis… Les signes de la
nature ne trompent pas pour qui sait les lire et à cet égard, le lecteur
occidental est un peu comme le plus naïf des personnages et ne voit pas ce qui
alerte le lecteur averti !
Utamaro (école de), Faucon sur une branche de prunier, 1796-1800, musée Guimet, M&M. |
Je dois vraiment aimer ça vu
comme j’avais aimé la BD NonNonBâ.
Mon récit préféré : Carpes telles qu’en songe, où un moine
devenu poisson décrit le paysage du lac, c’est un récit avec d’humour, car le
moine zen se révèle avoir l’appétit vorace du poisson.
Ils suivirent, dans la pénombre,
l’allée couverte de cryptomères, puis montèrent sur le promenoir extérieur du
Tôrô-dô qui s’élève devant le sanctuaire, et y étendirent leurs manteaux de
pluie pour s’en faire des sièges, mais tandis qu’ils répétaient sans bruit les
invocations, ils éprouvaient, à mesure que la nuit avançait, le sentiment de
leur solitude.
Destination PAL (bon le livre ne
se trouve pas du tout sur la bonne étagère et n’aurait donc pas dû être lu cet
été, mais c’est un détail).
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerAhaha, c'est le bazar dans ta bibliothèque ??? :-D
RépondreSupprimerDisons qu'il faut lire la préface pour comprendre quel est le nom. Toujours difficile de ranger les non occidentaux qui n'ont pas les mêmes systèmes de noms. Mais c'est quand même très bien !
SupprimerTu avais prévu de le lire quand ?
RépondreSupprimerJe ne sais pas. Mais le programme de l'été prévoit de lire les livres "rangés sur l'étagère du haut, qu'on ne peut atteindre qu'avec une échelle et qui, pour cette raison, ne sont jamais lus", ce qui correspond aux auteurs dont le nom commence par un A (jusqu'à Balzac en fait). Or il faut ranger ce lire à "Ueda" et non à "Akinari".
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