Antoine Volodine, Des anges mineurs, 1999.
Une suite de textes très courts,
portant chacun le nom d’un personnages, campant plus ou moins le même univers. C’est
un monde où la révolution communiste a avorté, où le capitalisme a essayé de
revenir, où il y a eu une période de camps, un monde où le sable recouvre tout
très lentement et où les humains sont de moins en nombreux. On est entre grandes
villes qui se détraquent peu à peu et steppes mongoles habitées par des
vieilles femmes maniant la carabine. Le temps est long, un instant dure en
réalité plusieurs années et il n’est pas rare qu’une vieille ait plus de 200
ans. Ce n’est pas le récit d’une apocalypse brutale, mais celui d’un lent et
inexorable délitement.
Mais ce qui compte, ce sont ces
portraits et le souvenir, même faux, même fragmentaire, des personnes et des
noms. Certains portraits se répondent entre eux. On trouve un homme venu d’un
autre monde qui essaie de récolter des informations sans respirer. Un groupe de
voyageurs à la découverte de quelques rues et d’un garage. Un autre homme
fabriqué par les vieilles à partir de chiffons à qui elles ont insufflé la vie
par leurs chants. Un échassier un peu trop individualiste.
Je préfère les romans suivis,
même si ces récits ont une progression. À mon sens, la perception de l’univers
de Volodine est meilleure dans les romans. Le charme (ou l’agacement) de ces
portraits d’anges mineurs vient de la
répétition de certains thèmes ou de certaines formules. L’humanité semble se
condenser dans quelques mots, quelques rêves, quelques discours, comme si
c’était tout ce qu’il en restait.
Inutile de se cacher la vérité.
Je ne réagis plus comme avant. Maintenant, je pleure mal. Quelque chose a
changé en moi autant qu’ailleurs. Les rues se sont vidées, il n’y a presque
plus personne dans les villes, et encore moins dans les campagnes, les forêts.
Le ciel s’est éclairci, mais il reste terne. La pestilence des grands charniers
a été lavée par plusieurs années de vent ininterrompu. (…) Il faut que j’aille
chez le régleur de larmes.
Volodine sur le blog : Écrivains ; Songes de Mevlido
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