Haruki Murakami, Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil,
traduit du japonais par Corinne Atlan, parution originale 1992.
Après 10 ans d’absence, je
reviens à Murakami et je suis ravie de ma lecture.
Le narrateur se livre à un récit
rétrospectif depuis son enfance. Son point de départ : il est enfant
unique et à son époque, c’était assez rare. Il pense que cette caractéristique
a été fondamentale pour sa vie affective. Au collège, il était très ami avec
Shimamoto-san. Il raconte cette amitié qui aurait pu devenir amoureuse, puis
les années de vide du lycée et de l’université, la façon dont il s’est marié et
a monté deux clubs de jazz sans jamais oublier Shimamoto-san. Il se demande
sans cesse s’il est possible de revenir en arrière, de tout effacer et de revenir
à zéro…
Le fil narratif présente des
points communs avec Le Voyage du passé de Zweig,
mais est traité avec plus de lenteur et de soin, plus de sensualité et de
délicatesse, plus de magie aussi. Je trouve ce roman plein de délicatesse, même
quand le narrateur est un peu énervant. La description des années d’université
comme un long vide et une suite d’années gâchées m’a semblé très vraie.
L’évocation de ses maladresses quand il ne parvient pas à se décider à aborder
une inconnue aussi. Le récit de sa vie en patron de club de jazz est bien
évidemment nourri de l’expérience de l’auteur qui a exercé ce métier. Entre
lieu de rêve et vulgaire entreprise destinée à faire payer des noctambules,
entre musique nostalgique et cocktails à la mode, c’est très vrai. Les épisodes
de la vie contemporaine s’intercalent entre ceux consacrés à l’introspection.
Les héros de Murakami s’interrogent sur le sens de la vie, n’en trouvent pas et
se promettent d’essayer de vivre – sans certitude.
Oeuvre de David Altmedj, vue au MAC de Montréal cet été. |
J’entendais au loin Nat King Cole
chanter South of the Border. Il
s’agissait du Mexique bien sûr, mais je ne le savais pas. Je ne sentais que
l’écho étrange de ces mots : « au sud de la frontière ». Chaque
fois que j’écoutais cette chanson, je me demandais ce qu’il pouvait bien y
avoir au « sud de la frontière ». Je rouvris les yeux : les
mains de Shimamoto-san s’agitaient toujours sur sa jupe. Une sorte de doux
picotement s’insinua tout au fond de mon corps.
Je me souviens du profond ennui que cette lecture a suscité chez moi.
RépondreSupprimerLes personnages indécis peuvent provoquer cette réaction en effet. Là, ça a été pour moi, mais je reconnais qu'avec cet auteur, on est souvent sur le fil.
SupprimerExactement avec Murakami soit je m'ennuie soit je suis super enthousiaste ! Du coup je n'ose plus trop tenter...
RépondreSupprimerJe reconnais que c'est un auteur que j'aime bien, sans être fan, à côté de ce côté très proche du vide.
SupprimerLu il y a très longtemps.Mais j'avais aimé.
RépondreSupprimerCe roman n'est pas dépourvu de charme, même s'il touche plus ou moins le lecteur.
SupprimerUne lecture qui ne m'avait pas passionnée, car un peu triste, sans doute.
RépondreSupprimerTriste et au ton désabusé en effet.
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