Victor Hugo, Notre-Dame de
Paris, 1831.
Une belle relecture pour le
plaisir.
Au début du roman, Hugo
présente plusieurs personnages très différents (un étudiant farceur, un
philosophe sans le sou, une belle bohémienne, un bossu sonneur de cloches...)
et surtout sa ville : Paris. Il semble en effet que l'auteur nous raconte deux
histoires : celle des passions et drames des hommes et des femmes et celle de
la ville de la fin du Moyen âge. Le récit se déroule de façon à permettre les
belles descriptions de Paris, des rues, des maisons et lieux remarquables de la
ville. Foire, justice, fête, gibet, murailles et bien évidemment Notre-Dame,
vivante, héroïque, puissante.
Toutefois, si admirable que vous semble le Paris d'à présent, refaites le Paris du quinzième siècle, reconstruisez-le dans votre pensée, regardez le jour à travers cette haie surprenante d'aiguilles, de tours et de clochers, répandez au milieu de l'immense ville, déchirez à la pointe des îles, plissez aux arches des ponts de la Seine avec ses larges flaques vertes et jaunes, plus changeante qu'une robe de serpent, détachez nettement sur un horizon d'azur le profil gothique de ce vieux Paris...
Hugo en profite pour dénoncer
les destructions de la modernité. Les siècles et les humains n'ont pas ménagé
les vieilles pierres et la notion de patrimoine est encore inexistante.
L'auteur s'insurge contre la destruction des vieux quartiers. Le roman est un
chant d'amour pour le Moyen âge, ses couleurs et ses superstitions. On est en
1482, avant les épopées des explorateurs européens. C’est encore le vieux monde.
À cet égard, le bossu Quasimodo est l'incarnation vivante des gargouilles et
figures diaboliques sculptées dans la pierre. L’insistance sur ces sculptures
étranges et incompréhensibles et sur leur possible signification ésotérique
donne une tonalité gothique (au sens de roman gothique) aux évocations de la
cathédrale ainsi qu'à la peinture d'un prêtre démoniaque. Les temps lointains du catholicisme semblent peuplés d’êtres
fabuleux et peu humains.
Il se mit à fuir à travers l'église. Alors il lui sembla que l'église aussi s'ébranlait, remuait, s'animait, vivait, que chaque grosse colonne devenait une patte énorme qui battait le sol de sa large spatule de pierre, et que la gigantesque cathédrale n'était plus qu'une sorte d'éléphant prodigieux qui soufflait et marchait avec ses piliers pour pieds, ses deux tours pour trompes et l'immense drap noir pour caparaçon.
Beaucoup a été dit et écrit
sur ce roman immense, sur la bohémienne Esmeralda, sur Quasimodo, sur le prêtre
diabolique, sur l’atmosphère miraculeuse qui imprègne certaines scènes. Je
retiens un portrait de Louis XI totalement fantaisiste, ancré dans la légende
noire, et j’ai apprécié l’humour apporté par le personnage de Gringoire qui
semble signifier que la vie continue malgré tout, même pour les faibles. Je note la thématique des procès d'animaux, une réalité attestée par un historien comme Michel Pastoureau.
La grande foudre de Dieu ne bombarde pas une laitue.
J'ai trouvé que Hugo était
moins grandiloquent dans ce roman que dans d'autres (comme 93), plus humain et
attaché à ses personnages. Il dresse ainsi différents portraits auxquels on
peut s'intéresser, avec des histoires secondaires et prenantes tout à la fois.
C’est une grande réussite.
Pour la découverte du
patrimoine par le XIXe siècle, voir ma lecture de Mérimée. Et pour
la visite de Balzac à Montfaucon, le récit par Gozlan.
Destination PAL. ChallengeVictor Hugo de Claudia Lucia (je crois que je suis en avance pour la LC).
93 est à venir. Je ne me laisserai jamais de "Notre-Dame de Paris" !!!
RépondreSupprimerC'est un roman tellement riche, on peut le relire sans cesse !
SupprimerJe ne l'ai jamais lu, j'ai beaucoup étudié des textes de Hugo et j'apprécie beaucoup le bonhomme mais je me rends compte que j'ai très peu lu ses romans !
RépondreSupprimerAlors que moi je connais surtout ses romans... on fait la paire.
SupprimerJe l'ai lu, il y a longtemps, mais... bien trop tôt finalement (le relire?)
RépondreSupprimerJe l'ai lu quand j'étais ado, j'avoue que ça fait du bien de rafraîchir ses souvenirs.
SupprimerComme Keisha, un auteur que l'on apprécie d'autant plus avec une certaine maturité.
RépondreSupprimerIl y a différentes façons de l'apprécier au fil des ans, le lecteur change.
SupprimerAu contraire tu es une trop bonne élève!! et nous non! Bon, je reviendrai te lire quand je publierai le mien. merci pour ta participation!
RépondreSupprimerMerci maîtresse !
SupprimerNotre Dame de Paris : mieux qu'une série Télé, quoi que, il paraît , enfin, j'ai entendu dire que ce serait insurpassable. Pas lu celui là . Lu les Misérables avec intérêt (mais l'histoire je la connaissais déjà , j'avais vu au moins trois versions des Misérables au ciné ) et surtout lu et relisant par morceaux L'homme qui rit, toujours tenue en haleine !
RépondreSupprimerL'Homme qui rit reste le préféré de beaucoup. Il faut aussi que je le relise d'ailleurs.
SupprimerL'homme qui rit est mon préféré aussi! Même si je suis une inconditionnelle de Hugo, j'aime tout de même moins "Notre-Dame", contrairement à toi,parce que le style est plus sage que dans "L'homme qui rit" ou "les travailleurs de la mer" (mon deuxième préféré). Tu dis ce roman est moins grandiloquent, (c'est vrai car Victor Hugo manque de sobriété très souvent) mais il est aussi moins brillant!
RépondreSupprimerJ'ai un peu de mal avec le graaaaandiloquent, même si c'est précisément le charme d'Hugo.
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