Les Escoumins |
Notre séjour au Québec a commencé par deux jours aux Escoumins.
Qu’allions-nous faire dans ce petit bled situé au bord du Saint-Laurent ?
Observer les baleines ! Il est plus courant d’aller à Tadoussac (je pense
d’ailleurs que cela peut être une bonne idée, car il semble que les cétacés y
soient plus nombreux et en plus il y a un centre d’interprétation), mais
nous avons fait le choix d’un endroit moins touristique et plus tranquille pour
ne pas se retrouver à 20 bateaux autour de la pauvre bête.
C’était aussi l’occasion de faire connaissance avec l’histoire et la
géographie de la Côte nord. Une route : la 138. Tout ce qui est
utilisé/jeté/mangé/fabriqué etc. dans
la région transite par la route 138 qui longe le Saint-Laurent. Les habitations
et les villages s’étalent le long du bitume. À peine s’il y a une ou deux rues
au-delà et hop, c’est tout de suite la forêt.
La forêt, parlons-en. Résineux et bouleaux nourrissent les grands
camions de bois qui passent à toute heure. C’est aussi la forêt qui a fait
l’histoire humaine récente. Car la Côte nord a connu ses villes de
papier : petites agglomérations créées au début du XXe siècle,
au moment de l’essor de la presse (notamment américaine). La pâte à papier est
un trésor. Des entreprises financières créent des villes entièrement tournées
vers l’industrie du papier, où tout est propriété de la compagnie (logements,
magasins, école, etc.). Cette
organisation périclite après 1950, mais le bois reste la grande industrie locale.
La baie des Escoumins. Une rivière s'y jette dans le Saint-Laurent. |
C’est un peu différent pour les Escoumins dont le lieu était déjà
utilisé par les Basques au XVIIe siècle pour dépecer les baleines
(il sera question des Basques un peu plus tard dans le voyage, restez à
l’écoute).
Notre hôtel est installé dans une des plus vieilles maisons du village.
Les lits y sont moelleux et les petits déjeuners délicieux. Ici a grandi Robertine Barry (1863-1910), journaliste et femme
de lettres à Montréal – une des premières du Canada.
Tenez, une anecdote historique.
La mère de Robertine fut un jour interdite de communion par le curé des
Escoumins, car elle portait… la crinoline ! Cette mode « venue de
l’étranger » (salut Paris !), transmise par les dames de Montréal,
symbole de la ville, du luxe, de la frivolité… était apparemment trop
transgressive. L’affaire est remontée jusqu’à l’évêque qui a calmé tout le
monde, en condamnant cette mode certes, mais en permettant tout de même la
communion (la punition était trop dure).
Les temps changent…
Elles sont là, derrière... |
Et les baleines ?
Embarqués sur un zodiac, nous les avons bien vues. Pas de photos
personnelles, car j’étais tout yeux. Ces animaux magiques viennent en été
malgré l’eau bien froide pour s’approvisionner en krill (petites crevettes),
car les eaux du Saint-Laurent en sont très riches. Elles repartent après avoir
accumulé 30 centimètres d’épaisseur de gras (ça en fait des crevettes) pour
aller donner naissance à des baleineaux dans les eaux des Caraïbes qui sont
chaudes, mais pauvres en nourriture. Et elles reviennent l'année suivante. Et elles sont
belles, magiques. On attend en silence sur l’eau en guettant le souffle ou la
silhouette…
On les voit aussi depuis le rivage si on est patient (et je l’ai été).
Je vous présente Gaspar (photo prise sur le site Baleines en direct) que l'on a vu de face. Il a été suivi de deux baleines bleues - vraiment bleues - et d'autres dos mystérieux.
A Tadoussac, on aurait vu des bélugas (cétacés blancs de l’arctique) mais sans doute pas de baleine bleues vu la profondeur du canyon. Si c'est le plus grand spot pour observer les baleines, c'est qu'il y a un brassage de sédiments du à la rencontre du courant marin(upweling) et du St Laurent, qui permet un bloom de plancton donc du krill mangés par les baleines.
RépondreSupprimerSi je puis me permettre "la pâte à papier ETAIT la richesse de la Côte Nord" les usines ayant fermé et laissant la place à un bon resto de poisson...