Laure Conan, Si les Canadiennes le voulaient !, paru en 1886, édité en
France par Caillon Dorriotz.
Voici un très court texte, une
sorte de pièce de théâtre, un petit texte politique très engagé aussi.
La conversation se tient entre
une dame, un monsieur et une demoiselle quelque temps après des élections
provinciales québécoises. Le thème en est le patriotisme : comment faire
pour que tous les francophones (et pas seulement les politiques) soient fiers
de leur culture ? Apparemment les femmes peuvent beaucoup, car elles sont
mères et éducatrices et aussi car ce sont elles qui peuvent le mieux
transmettre les valeurs chrétiennes.
Il n'y a pas de mots pour dire à quel point le patriotisme est exposé dans notre arène politique. C'est comme une étincelle dans la boue, ou, si vous l'aimez mieux, comme une étincelle sur un pavé glacé, exposé à tous les vents.
Ce texte est parfaitement de son
époque ! Fin XIXe siècle, on est en plein éveil des nations et
rien d’étonnant à ce que les Québécois francophones s’inquiètent de leur avenir
au sein du Canada. L’auteur semble avoir un vrai goût pour l’histoire si j’en
juge par la vision qui est développée de la France et de l’Angleterre.
Le rôle dévolu aux femmes est
également d’une merveilleuse ambiguïté : tout en leur confiant
l’éducation, la religion et le soutien aux grands hommes, les voici investies
d’une mission redoutablement politique – il n’est pas si courant d’associer
femmes et patriotisme. Cela n’empêche pas nos personnages d’être effarés par la
question du droit de vote des femmes.
C. Huot, La Leçon de couture, 1886, musée des beaux-arts de Montréal |
Il est également intéressant de
lire ce texte en décembre 2015 : après des élections déprimantes et dans
un contexte où le patriotisme est brandi à cors et à cris, mais par un
personnel politique d’une médiocrité affligeante. Tout ne semble pas réservé au
passé.
- Mais, avez-vous jamais
remarqué une chose ? à bord du vaisseau de l'État, il n'y a pas de passagers.
- Nous sommes tous
des manœuvres ?
- Sans doute. Il n'y a pas une créature humaine qui ne puisse, par conséquent qui ne doive
faire quelque chose pour la patrie, quand ce ne serait que par le travail sur
soi-même.
Pour mémoire, je vous rappelle
l’épisode de la robe à crinoline symbole de modernité aux Escoumins.
Merci à l’éditeur Caillou Dorriotz pour cette lecture.
Merci beaucoup pour cet article !
RépondreSupprimerJe vais essayer de prendre le temps de regarder les notes pour voir si certaines sont à améliorer. Merci pour la lecture !
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