Léonor de Récondo, Amours, 2015, édité chez Sabine
Wespieser.
À mon tour de lire un roman au
succès mérité.
On est dans l’entre-deux-guerres
dans une petite ville du centre de la France. Victoire, jeune femme fragile et
un peu exaltée, est mariée à Anselme – une incarnation du notaire de province.
Peu d’amour et encore moins de désir entre ces deux-là, mais Anselme se soulage
en forçant Céleste, la jeune bonne. Cela aurait pu durer longtemps ainsi, mais
Céleste tombe enceinte, alors que le couple ne parvient pas à avoir d’enfant.
Une solution se dessine assez vite, elle bouleversera la vie de Victoire qui
découvre alors qu’un corps peut être beau et que l’amour existe.
Anselme comprend que sa femme veuille être heureuse, mais libre… quelle idée ! Qu’est-ce que cela veut dire ?
C’est une belle histoire, que
j’ai lu avec grand plaisir. L’intrigue n’est évidemment pas d’une originalité
échevelée, mais ce roman raconte à merveille la France de ces années 20 :
la campagne où les familles bourgeoises sont attachées à leur réputation,
l’utilisation des bonnes, le sort des femmes, le devenir des anciens
combattants. Et pendant ce temps à Paris dans des endroits à la mode, une
relative liberté existe, loin de tout. Les relations entre hommes et femmes,
époux et épouses, maîtres et domestiques sont remarquablement analysées, sans
simplisme réducteur, mais de façon sobre et délicate, et donc cruelle.
Corinth, Jeune femme endormie, Musée d'Orsay, RMN. |
Le cœur du roman est constitué
par le bouleversement vécu par Victoire et dans une moindre mesure par Céleste.
Cette découverte de l’amour, de la sensualité, de la beauté, du désir ne m’est
pas toujours apparue comme vraisemblable, mais offre une belle ouverture au
livre, comme une atmosphère magique. Quand on referme le roman, qui se clôt de
la façon attendue, on ne peut s’empêcher de penser que ce jaillissement se
reproduira à nouveau.
J’aime beaucoup le passage où
Victoire lit et relit Madame Bovary
en se disant que sa vie à elle a plus de sens. Un lecteur cherche aussi à se
rassurer en lisant des romans, en se disant qu’il ou elle ne commettrait pas
telle ou telle erreur et puis finalement…
Elle réalise soudain que la
solitude, dans laquelle elle est née, l’oblige à toujours acquiescer. Si elle
avait eu le choix – mais ce mot n’existe ni dans sa condition, ni dans son
vocabulaire –, elle aurait dit : « Non ».
Je n'ai pas accroché et pourtant j'avais adoré "pietra viva" !
RépondreSupprimerJ'avais aimé Pietra viva mais il me paraît plus faible, moins dur, plus dans une jolie évocation.
SupprimerQu'ils sont beaux les romans de Léonor de Récondo ! J'ai découvert cette auteur avec "Rêves oubliés", je la lis toujours avec plaisir. J'ai également beaucoup aimé "Amours" et le portrait de la France qu'il brosse.
RépondreSupprimerAh je ne connais pas le 1er roman dont tu parles.
SupprimerLa fin m'a déçue, avec cette histoire de maladie.
RépondreSupprimerJe crois que la fin est prévisible, il faut bien que cela se passe comme ça.
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