La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



lundi 1 février 2016

Et puis, il l’a trompée avec une bonne, pas avec une autre femme !

Léonor de Récondo, Amours, 2015, édité chez Sabine Wespieser.

À mon tour de lire un roman au succès mérité.

On est dans l’entre-deux-guerres dans une petite ville du centre de la France. Victoire, jeune femme fragile et un peu exaltée, est mariée à Anselme – une incarnation du notaire de province. Peu d’amour et encore moins de désir entre ces deux-là, mais Anselme se soulage en forçant Céleste, la jeune bonne. Cela aurait pu durer longtemps ainsi, mais Céleste tombe enceinte, alors que le couple ne parvient pas à avoir d’enfant. Une solution se dessine assez vite, elle bouleversera la vie de Victoire qui découvre alors qu’un corps peut être beau et que l’amour existe.

Anselme comprend que sa femme veuille être heureuse, mais libre… quelle idée ! Qu’est-ce que cela veut dire ?

C’est une belle histoire, que j’ai lu avec grand plaisir. L’intrigue n’est évidemment pas d’une originalité échevelée, mais ce roman raconte à merveille la France de ces années 20 : la campagne où les familles bourgeoises sont attachées à leur réputation, l’utilisation des bonnes, le sort des femmes, le devenir des anciens combattants. Et pendant ce temps à Paris dans des endroits à la mode, une relative liberté existe, loin de tout. Les relations entre hommes et femmes, époux et épouses, maîtres et domestiques sont remarquablement analysées, sans simplisme réducteur, mais de façon sobre et délicate, et donc cruelle.
Corinth, Jeune femme endormie, Musée d'Orsay, RMN.
Le cœur du roman est constitué par le bouleversement vécu par Victoire et dans une moindre mesure par Céleste. Cette découverte de l’amour, de la sensualité, de la beauté, du désir ne m’est pas toujours apparue comme vraisemblable, mais offre une belle ouverture au livre, comme une atmosphère magique. Quand on referme le roman, qui se clôt de la façon attendue, on ne peut s’empêcher de penser que ce jaillissement se reproduira à nouveau.

J’aime beaucoup le passage où Victoire lit et relit Madame Bovary en se disant que sa vie à elle a plus de sens. Un lecteur cherche aussi à se rassurer en lisant des romans, en se disant qu’il ou elle ne commettrait pas telle ou telle erreur et puis finalement…

Elle réalise soudain que la solitude, dans laquelle elle est née, l’oblige à toujours acquiescer. Si elle avait eu le choix – mais ce mot n’existe ni dans sa condition, ni dans son vocabulaire –, elle aurait dit : « Non ».



6 commentaires:

Hélène a dit…

Je n'ai pas accroché et pourtant j'avais adoré "pietra viva" !

Miss G a dit…

Qu'ils sont beaux les romans de Léonor de Récondo ! J'ai découvert cette auteur avec "Rêves oubliés", je la lis toujours avec plaisir. J'ai également beaucoup aimé "Amours" et le portrait de la France qu'il brosse.

Alex Mot-à-Mots a dit…

La fin m'a déçue, avec cette histoire de maladie.

nathalie a dit…

J'avais aimé Pietra viva mais il me paraît plus faible, moins dur, plus dans une jolie évocation.

nathalie a dit…

Ah je ne connais pas le 1er roman dont tu parles.

nathalie a dit…

Je crois que la fin est prévisible, il faut bien que cela se passe comme ça.