Honoré de Balzac, La fausse maîtresse, 1841.
Une longue nouvelle plutôt réussie.
Nous suivons un couple de la haute société
parisienne, Clémentine et Adam, et surtout l'intendant de la maison, le
capitaine Paz. Balzac nous dresse le portrait d'un amour romanesque à souhait,
caché et sacrifié. Si tant d'extraordinaire est possible, c'est que nous sommes
chez l'aristocratie polonaise exilée en France. Ces gens font des folies dont
les médiocres hommes du monde français n'ont pas idée.
Le roman se constitue comme le petit tableau de la
vie intime d'un couple de l'aristocratie parisienne dont l'existence consiste à
être vu et à dépenser, mais s'inscrit dans la tonalité de Ferragus avec
cette teinte de mystère qui constitue l'envers indispensable de la vie
mondaine. L'idée est toujours que certaines figures échappent à la médiocrité
du monde contemporain, en général grâce à leur origine peu ordinaire.
J'ai aimé aussi le contraste entre le monde du
cirque, ses acrobates grotesques et vulgaires, et celui de la pure et blanche
Clémentine.
Il est toujours intéressant de noter la façon dont
Balzac décrit les décors et aménagements intérieurs. Un certain nombre de dames
remarquables possèdent des meubles du XVIIIe siècle, souvenirs
glorieux d'un monde disparu. L'hôtel d'Adam et Clémentine possède tout ce qu'il
faut pour camper un monde rêvé : une serre, un salon style renaissance, une
galerie moyen âge et un salon dans le goût du XVIIIe. C'est
l'éclectisme ! Le tout est d'échapper à son temps (qui est décidément peu
satisfaisant).
Honoré de Balzac, La Maison-du-Chat-qui-pelote, 1830.
Un court roman dont le titre m’a
toujours intriguée – mais qui ne me paraît pas remarquable.
La première moitié du récit prend
place chez le drapier Guillaume, dans la fameuse Maison-du-Chat-qui-pelote, et
nous peint un monde tout entier sous le signe du commerce avec les mariages
contrastés des deux filles. Virginie épouse le premier commis et Augustine un
beau jeune homme qui lui parle d’amour. On retrouve donc la thématique des
couples en miroir – le mariage d’amour parisien n’étant jamais heureux (Mémoires de deux jeunes mariées et La femme de 30 ans). L’originalité du roman est constitué par la
personnalité de l’époux : Théodore de Sommervieux est peintre (et peintre
à la mode).
Le but de Balzac est de montrer à quel point le monde des artistes
est irréconciliable avec celui des commerçants. Son attitude est ambiguë :
bien sûr, il fait partie de ces âmes d’élites incomprises, mais il est visible
que la peinture lui semble bien plus méprisable que la littérature.
Le roman donne une vision très
romantique de la peinture et des peintres. Les chefs d’œuvre seraient dus à des
sentiments exaltés uniquement et en premier lieu à l’amour. À noter
l’apparition de Girodet.
Ses axiomes favoris étaient que,
pour trouver le bonheur, une femme devait épouser un homme de sa classe ;
on était toujours tôt ou tard puni d’avoir voulu monter trop haut ;
l’amour résistait si peu aux tracas du ménage, qu’il fallait trouver l’un chez
l’autre des qualités bien solides pour être heureux ; il ne fallait pas
que l’un des deux époux en sût plus que l’autre, parce qu’on devait avant tout
se comprendre ; un mari qui parlait grec et la femme latin risquaient de
mourir de faim. Il avait inventé cette espèce de proverbe. Il comparait les
mariages ainsi faits à ces anciennes étoffes de soie et de laine, dont la soie
finissait toujours par couper la laine.
La Maison-du-chat-qui-pelote, édition Furne. |
Ce que j'ai aimé dans "La maison du chat qui pelote", c'est comment une vie tout entière est traitée en si peu de pages.
RépondreSupprimerOui, sur ce plan c'est très réussi.
SupprimerCe commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
RépondreSupprimer