La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



mercredi 15 juin 2016

Les enfants de Tchernobyl sont devenus grands

Niels Ackermann, L’Ange blanc. Les enfants de Tchernobyl sont devenus grands, photographies prises entre 2012 et 2015, préface d’Andreï Kourkov traduit du russe par Paul Lequesne, texte de Gaetan Vannay, édité en France aux éditions Noir sur blanc.

Un livre de photos très intéressant.

La ville de Slavoutytch (Ukraine) a été construite en 1986 pour loger les ouvriers chargés de travailler à la centrale de Tchernobyl. Décidée par l’URSS, décidée à prouver qu’elle était parfaitement capable de faire face, la ville a surgi dans les bois. Toutes les « républiques sœurs » ont été amenées à contribuer en envoyant architectes et matériaux. Les salaires y étaient attractifs et le discours bien rodé. Les jeunes travailleurs sont venus s’y installer. Las ! Chute du mur.
Photo provenant du site du Temps.
Slavoutytch est dorénavant une ville où rien ne se passe. Aucune activité économique à part la centrale. Rien à faire à part le sexe, l’alcool et la drogue. Le photographe Niels Ackermann a suivi plusieurs jeunes de la ville pendant quelques années. Il montre leur vie et le vide de leur vie. La ville la plus jeune d’Ukraine est face à une absence totale d’avenir et consomme vodka et drogues en quantité, substances qui causent plus de décès que la radioactivité. Cette population très jeune se décrit comme des zombies. Slavoutytch ne suscite aucun intérêt – les regards se portent uniquement sur Tchernobyl, pas sur ceux qui construisent jour après jour le sarcophage de béton et qui surveillent les installations.
Sur les photos, on voit ces jeunes gens baiser, boire, fumer, jouer… dans les bois tout proches ou dans des intérieurs qui n’ont effectivement pas bougé depuis les années 80. Les images montrent comment cet Eldorado économique recèle également un vide fascinant. Les habitants vivent en proximité immédiate avec le monstre nucléaire et tournent en rond.

Photo provenant du site du Temps.
Je suis très heureuse d’avoir pu livre ce livre avant de me lancer cet été dans La Supplication de Svetlana Alexievitch.

Un bémol : le format du livre est peu adapté à l’édition de photographies, car les clichés s’étalent sur deux pages et sont coupés par la reliure.

Vous pouvez voir le reportage sur le site du Temps. Merci à Babelio et à Noir surblanc pour cet envoi.

2 commentaires:

N’hésitez pas à me raconter vos galères de commentaire (enfin, si vous réussissez à les poster !).