Anonyme romain, Chronique
(sous-titre : Rome, le temps, le monde et la révolte de Cola di Rienzo),
traduit du dialecte romain par Jacqueline Malherbe-Galy et Jean-Luc Nardone,
XIVe siècle, édité en France chez Anacharsis.
Chronique de l'Italie tourmentée.
Un homme qui se dit médecin raconte les évènements
notables de son temps : les affrontements entre riches pour se répartir les
villes et châteaux, la façon dont Rome dépourvue de pape (il est à Avignon) est
mise à sac par les grandes familles, les disputes entre pape et empereur, la
croisade en Espagne et en Turquie, des batailles, des pillages, des miracles.
Et comment un lettré nommé Cola di Rienzo fut pendant quelques mois le tribun
de Rome contre les barons et pour le peuple avant de finir misérablement.
Nous avons fait un grand circuit, nous avons vagabondé pendant longtemps, nous avons parcouru nombre de pays étrangers. Nous avons parcouru la Lombardie, l’Espagne, la Turquie et la France. Il est maintenant venu le temps convenable de rentrer chez nous. Nous revenons en Italie, nous revenons vers les faits magnifiques et inouïs qui récemment se sont produits dans toute l’Italie.
C'est le panorama d'une époque troublée. Les troupes
de mercenaires de différentes langues sillonnent les campagnes, des capitaines
valeureux se mettent au service d'une cause à condition d'être payés, les
villes s'affrontent. On est avant la Rome de la Renaissance, le pape est
absent, la ville s'est rétractée dans un espace bien plus petit que celui
occupé jadis par l'urbs dont les
vestiges s'élèvent, des forteresses se dressent un peu partout et les grandes
familles barrent les routes, les ponts comme autant de petites enclaves
privées. On est bien loin des paysages bucoliques et de la douceur italienne.
Pas facile de trouver une photo de Rome avant la Renaissance ! Ici le pont Rotto et l'île Tibérine. |
Cette chronique se lit étonnamment bien, même si elle
peut paraître ardue. Évidemment je me suis perdue dans tous les noms propres,
mais ça ne m'a pas trop gênée. Le récit est très vivant, car l'auteur fait des
portraits vifs des principaux personnages, avec leur allure et leur façon de se
tenir. Il y a aussi les cris de la foule lors des émeutes, des
combattants, des capitaines exhortant leurs troupes. C’est une façon de se
plonger dans une partie de la réalité de Rome à la fin de l’époque médiévale,
avec toute sa violence et ses renversements d’alliance, au plus proche du
peuple. L’auteur donne un portrait vivant et collectif de son temps, nous
communiquant l’éclat des armes, des costumes, des chevaux, des fêtes publiques
et des discours.
Quand l’ambassade arriva, Morbassan était allongé par
terre, appuyé sur son bras gauche et déjeunait. Il était si démesurément gras
que son ventre ressemblait à un tonneau. Il était habillé d’un vêtement de lin
très noblement brodé de soie. On lui apportait des écuelles de pierre
historiées, brillantes, remplies de mets faits de sucre, de lait d’amande, d’œufs,
d’épices et de riz. Il tenait à la main une cuillère en or et dévorait
goulûment.
Bon pour le défi italien d’Eimelle.
photo bien trouvée!
RépondreSupprimerMerci pour le challenge!
Très difficile de s'imaginer à quoi ressemblait Rome avant l'ampleur des travaux de la Renaissance et des siècles suivants.
Supprimer