La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature.



jeudi 7 juillet 2016

Nous parlerons en premier du grand déluge que Rome a subi.

Anonyme romain, Chronique (sous-titre : Rome, le temps, le monde et la révolte de Cola di Rienzo), traduit du dialecte romain par Jacqueline Malherbe-Galy et Jean-Luc Nardone, XIVe siècle, édité en France chez Anacharsis.

Chronique de l'Italie tourmentée.

Un homme qui se dit médecin raconte les évènements notables de son temps : les affrontements entre riches pour se répartir les villes et châteaux, la façon dont Rome dépourvue de pape (il est à Avignon) est mise à sac par les grandes familles, les disputes entre pape et empereur, la croisade en Espagne et en Turquie, des batailles, des pillages, des miracles. Et comment un lettré nommé Cola di Rienzo fut pendant quelques mois le tribun de Rome contre les barons et pour le peuple avant de finir misérablement.

Nous avons fait un grand circuit, nous avons vagabondé pendant longtemps, nous avons parcouru nombre de pays étrangers. Nous avons parcouru la Lombardie, l’Espagne, la Turquie et la France. Il est maintenant venu le temps convenable de rentrer chez nous. Nous revenons en Italie, nous revenons vers les faits magnifiques et inouïs qui récemment se sont produits dans toute l’Italie.

C'est le panorama d'une époque troublée. Les troupes de mercenaires de différentes langues sillonnent les campagnes, des capitaines valeureux se mettent au service d'une cause à condition d'être payés, les villes s'affrontent. On est avant la Rome de la Renaissance, le pape est absent, la ville s'est rétractée dans un espace bien plus petit que celui occupé jadis par l'urbs dont les vestiges s'élèvent, des forteresses se dressent un peu partout et les grandes familles barrent les routes, les ponts comme autant de petites enclaves privées. On est bien loin des paysages bucoliques et de la douceur italienne.
Pas facile de trouver une photo de Rome avant la Renaissance ! Ici le pont Rotto et l'île Tibérine.
Cette chronique se lit étonnamment bien, même si elle peut paraître ardue. Évidemment je me suis perdue dans tous les noms propres, mais ça ne m'a pas trop gênée. Le récit est très vivant, car l'auteur fait des portraits vifs des principaux personnages, avec leur allure et leur façon de se tenir.  Il y a aussi les cris de la foule lors des émeutes, des combattants, des capitaines exhortant leurs troupes. C’est une façon de se plonger dans une partie de la réalité de Rome à la fin de l’époque médiévale, avec toute sa violence et ses renversements d’alliance, au plus proche du peuple. L’auteur donne un portrait vivant et collectif de son temps, nous communiquant l’éclat des armes, des costumes, des chevaux, des fêtes publiques et des discours.
  
Quand l’ambassade arriva, Morbassan était allongé par terre, appuyé sur son bras gauche et déjeunait. Il était si démesurément gras que son ventre ressemblait à un tonneau. Il était habillé d’un vêtement de lin très noblement brodé de soie. On lui apportait des écuelles de pierre historiées, brillantes, remplies de mets faits de sucre, de lait d’amande, d’œufs, d’épices et de riz. Il tenait à la main une cuillère en or et dévorait goulûment.

Destination PAL – la liste de lecture.

Bon pour le défi italien d’Eimelle.




2 commentaires:

eimelle a dit…

photo bien trouvée!
Merci pour le challenge!

nathalie a dit…

Très difficile de s'imaginer à quoi ressemblait Rome avant l'ampleur des travaux de la Renaissance et des siècles suivants.