Georges Bernanos, Un crime, 1935.
En voilà un drôle de roman !
Dans un coin de montagne, dans la
région de Grenoble, le presbytère attend son nouveau curé. La nuit tombe et le
vent souffle. Il finit pourtant par arriver. Un très jeune curé. Peu avant
l’aube, il entend un cri et un coup de feu, tous deux venus du
« château », une grande maison où vit une veuve. Le roman commence…
Bernanos n’écrit pas un véritable
roman policier. Ce qui l’intéresse, c’est l’atmosphère des lieux, de cette
maison, du presbytère, de l’auberge, où se croisent l’Église et la Justice sous
les tilleuls. C’est une autre époque. Les personnages et leur part d’ombre sont
au centre du roman : le curé bien évidemment qui attire la sympathie de
tout le monde, même s’il n’est visiblement pas comme les autres, et surtout le
juge d’instruction qui, malgré la fièvre, avance vaille que vaille sa
réflexion. Très vite, la personnalité de la victime et les conditions du crime
semblent s’effacer dans un brouillard confus au profit du secret que dit
détenir le curé. Chacun s’interroge sur la nature de la vérité, sur la façon
d’y parvenir, sur l’importance de la raison et des intuitions.
Chabaud, Route de Frigolet dans la montagne, Musée Ziem de Martigues, M&M |
J’ai dévoré ce roman trop vite,
portée par l’atmosphère. Mais j’aime trop les romans policiers pour l’avoir
pleinement apprécié : si j’ai saisi les grandes lignes de l’intrigue, j’ai
dû farfouiller sur internet pour comprendre certains détails. C’est dommage,
même si je vois bien que Bernanos a choisi l’art de l’allusion, de l’esquive,
du secret, du mensonge et préfère en dire le moins possible. Je le relirai sans
doute pour prendre le temps de saisir les mots à double sens…
Encore s’il lui eût parlé en
maître, aurait-elle retrouvé, peut-être, assez de volonté pour discuter ;
mais il n’essayait même pas de la rassurer, soit que l’idée qu’on pût refuser
secours à un être humain en détresse ne lui vînt même pas, soit qu’il fût
résolu par avance à ne rien demander qui dépassât l’énergie et les forces de la
vieille servante.
j'ai bien aimé ce livre mais effectivement le fait de le classer en polar lui fait perdre de l'intérêt car l'énigme est ici très secondaire
RépondreSupprimerOui et si on aime vraiment les énigmes, on est forcément déçu, alors que les personnages sont vraiment intéressants.
SupprimerJe note ce titre mais j'en ai déjà deux à lire dans ma PAL et je vais bientôt les commencer.
RépondreSupprimerJ'ai lu le Journal d'un curé de campagne il y a longtemps, c'est le même genre de personnage principal.
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