Céline Minard, Le Grand Jeu, 2016.
Seule, dans la montagne.
La narratrice, une femme dont on
ne saura rien, a décidé de passer sa vie en complète autarcie dans un coin des
Alpes. Elle a acheté le terrain et fait installer à grands frais un modèle
d’installation technophile. Elle a réfléchi à tout : à l’équipement
indispensable pour l’électricité, aux plantes qu’elle sèmera pour manger, à
ceci, à cela – elle n’a commis aucune erreur (sauf oublier de prendre une
bouillotte). Sauf qu’il s’avère qu’il y a une autre créature humaine juste à
côté.
C’est un curieux roman. Je peux
dire d’abord que je suis légèrement déçue, mais Minard n’y est pour rien :
je préfère nettement le sujet de son précédent roman, le western. Le sujet est
ici beaucoup plus austère. En outre, la narratrice n’est pas très sympathique à
mon goût dans sa volonté de tout contrôler. On est ici à l’inverse du livre de
Cognetti où le narrateur, cherchant la solitude, se retrouvait au plus près de
l’être humain et en tirait soulagement, apaisement et soutien. Les réactions de
l’héroïne face à sa voisine sont ici très ambiguës, mais c’est l’occasion pour
elle de réfléchir aux interactions humaines. Qu’est-ce que cela change de
savoir qu’il y a quelqu’un d’autre, même de bizarre et de pas sympathique ?
Est-ce une promesse, une menace, une attente ? Qu’attend-on d’un
proche ? Et d’un étranger ?
Est-ce la sagesse de supporter sans amertume ni tristesse que la promesse implicite de la relation humaine ne soit pas tenue ?
Les Alpes. M&M |
J’ai eu un petit souci à la
lecture, car ne connaissant pas bien la montagne, il y a des termes d’escalade
ou servant à décrire le relief qui m’ont échappé. Il faut dire que la
narratrice est dans la technique, la précision, la prévision et que cette langue
précise traduit très bien ce caractère. Je me suis demandée ce que Maylis de
Kerangal aurait fait avec une pareille histoire où le corps (car il est
question de marche, d’escalade, d’équilibre, de fatigue) a la première place et
où le vocabulaire spécialisé a aussi son importance.
Mais la narratrice n’est pas
seulement adapte des réflexions abstraites sur l’être humain, elle fait du yoga
et prête une grande attention aux sensations du corps, à l’air, à la
température, à la qualité de la pluie, du vent et du soleil. Elle entretient une
plus grande conscience de ce qui en général passe sous notre seuil de perception
comme respirer, mâcher et étudie par exemple le rôle des habitudes chez l’être
humain, l’animal, la plante.
Difficile également de ne pas
penser à Robinson Crusoë ou au Mur invisible, deux romans où le
personnage principal doit vivre ou survivre dans un espace limité et s’impose
pour cette raisons des règles de vie drastiques.
Il faudra peut-être que je relise
ce roman plus lentement.
L’environnement dans lequel j’ai
situé mon abri est celui qui me convient. Qui me procure, par l’extérieur, en
frottant et raclant l’enveloppe de mon corps qui résiste et s’adapte, la forme
nécessaire de ma vie. Ce monde d’isolement, de vide, de grands froids, de
grosses chaleurs, de roche dure, de silence et de cris animaux, laisse peu de
choix. C’est un guide précis. La situation dans laquelle je suis est pensée,
calculée pour établir un entraînement maximal. Je l’ai soigneusement choisie.
Je lui ai accordé mon assentiment le plus profond.
L’avis de Jostein. Des femmes écrivains.
il me tente mais j'ai tellement aimé le précédent que j'ai peu de la déception
RépondreSupprimerIl est clairement moins séduisant que Faillir être cinglé !
SupprimerJe suis passée à côté, ces questions incessantes m'ont énervée !
RépondreSupprimerJe comprends tout à fait.
Supprimerflinguée. tu as trouvé un nouveau titre pour celui-ci?
RépondreSupprimerBien vu !
SupprimerEssai pour voir si ça marche ces screugneugneu de commentaires...
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