Emmanuel Lepage, Un printemps à Tchernobyl, paru en 2012
chez Futuropolis.
15 ans après Tchernobyl… Une
résidence d’artistes est créée à proximité de la centrale afin que des
dessinateurs et photographes y résident et conçoivent un livre vendu au profit
des enfants de la région, atteints par diverses maladies. Lepage est de
l’épopée et il raconte.
À partir de divers documents et
du livre de Svetlana Alexievitch, il relate les premières heures qui ont suivi
l’accident et les mesures prises pour endiguer la catastrophe et sauver
l’Europe (sauf la France, souvenez-vous de la fable La Frontière et le nuage). Il raconte comment il prend la décision
de se rendre là-bas pour témoigner et pour être militant, ses peurs, ses
hésitations et finalement son séjour.
Ce qu’il voit le conforte d’abord
dans son attente : une ville post-soviétique grise et froide. Une
excursion, avec toutes les autorisations, est organisée sur le site de la
centrale, dans un climat de peur et de stress, parce que le temps
(d’exposition) est compté et parce que le dosimètre fait entendre son tic tic
tic incessant. Puis, c’est l’exploration de la région : sa forêt
magnifique, ses animaux sauvages, les chemins qui permettent de contourner les
barrages. Lepage s’interroge : il a peur et enveloppe ses pieds de sacs
plastiques et conserve un masque sur la bouche, mais mange la nourriture
locale. Quoi de plus inoffensifs a priori
que les bons produits du marché ? Mais pas ici. Il guette sur les visages
de ceux qu’il côtoie les signes de la radioactivité et de la maladie. Il
s’attendait à voir des moutons à cinq pattes et des monstres, il ne trouve que
des enfants pleins de vie, quelques alcooliques, des gens vivant dans la misère
et une nature libre et luxuriante. Ses dessins seraient-ils mensongers ?
Peu à peu la couleur entre dans l’album. Le lourd noir et blanc du début (j’ai
pensé à Volodine) fait place à des pastels légers et colorés, pleins de vie, à
la couleur intense.
C’est un album très humain. Ce
n’est pas un militant anti-nucléaire qui parle, mais plutôt un ancien gosse
fasciné par les univers post-apocalyptiques qui a l’occasion de se rendre dans
un endroit où « cela s’est vraiment passé » et qui se confronte à la
réalité de la vie qui continue et des ambiguïtés de tout un chacun.
Tchernobyl, comme lieu et comme
événement, suscite une étrange fascination morbide. Lepage mentionne les
anecdotes impossibles à vérifier, les rumeurs, les légendes et les mesures
officielles qui ont pour but de faire croire que l’on maîtrise un truc qui nous
dépasse totalement.
L’avis de Christophe.
Oh, intéressant !!!
RépondreSupprimerTu pourras la lire à Besançon je pense !
SupprimerUn album tout à fait indiqué après ma lecture de "La Supplication".
RépondreSupprimerOui, en effet, il complète très bien la lecture d'Alexievitch.
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