Dorothy M. Johnson, Quand toi et moi étions jeunes, Whitefish,
traduit de l’américain par Béatrice Vierne, parution originale 1982.
L’auteure phare de l’Ouest
américain raconte son enfance dans une petite ville du Montana.
Johnson est connue pour ses
récits de western (L’Homme qui tua
Liberty Valance, c’est elle). Ici, elle raconte son enfance à Whitefish,
alors une ville de la frontière, dans le Montana. Elle a connu ces pionniers,
ceux qui ont installé les premières cabanes et coupé les premiers arbres. Elle
raconte le progressif équipement de la ville, les jeux des enfants, l’école,
les rituels, les voisins, l’apparition de la modernité… C’est une époque bien
évidemment totalement disparue.
Johnson écrit dans une langue
vive, rapide, pleine d’humour, d’ironie et d’affection. Elle juge aussi bien
les générations du passé que celles du présent, se moque d’elle-même comme des
autres. C’est un texte très vivant ; on est dans les rues de Whitefish
avec elle !
À Whitefish, tout le monde s’accommodait de son sort et espérait voir arriver des jours meilleurs. Il y avait toujours quelqu’un qui construisait une maison, ou une cabane, ou un cabinet d’aisance, ou qui agrandissait sa maison, ou sa cabane, ou qui creusait une cave, ou Dieu sait quoi.
C’est d’ailleurs le critère pour une ville de la frontière : tout le monde est encore plein d’espoir. Ça ira mieux demain, ou en tout cas dès qu’on aura touché la prochaine paie.
Dorothy M. Johnson, photo provenant de ce site consacré au Montana |
Je retiens notamment le récit
hilarant de son travail à la première compagnie de téléphone. C’est enfin
l’occasion de comprendre le travail des mystérieuses demoiselles du téléphone.
Un art expert !
J’ai lu ce livre avec beaucoup
d’enthousiasme. C’est un monde exotique qui nous est dépeint sans nostalgie
excessive. La moindre gamine se balade avec une carabine de calibre 22 et
Johnson raconte ses expériences de camping avant l’invention des matériaux
légers et pratiques – avant l’ère du plastique. Au moment de son enfance,
Whitefish est une ville tellement récente qu’il n’y a pas de cimetière. Elle
nous restitue aussi très bien le rapport ambigu à la nature à cette époque,
quand détruire des souches faisait de vous un héros.
Il était illégal, dans le temps,
de tirer sur les porcs-épics, car on partait du principe qu’un homme affamé
pouvait très bien en tuer un à coups de bâton en cas de nécessité. Je ne sais
pas quel goût a le rôti de porc-épic à présent qu’on peut les abattre en toute
légalité, mais la seule fois que j’en ai mangé, dans le temps, c’était rudement
bon, ça ressemblait assez à du porc tout court.
Je connais ses nouvelles (avec cow boys et indiens) mais là, ça me dit encore plus!Ah le Montana!
RépondreSupprimerQuant aux demoiselles du téléphone, chères à Proust,voir le passage si drôle, j'ai dû connaître les dernières, car pour avoir un numéro dans mon village on demandait le numéro tant à tel endroit
Alors cela te plaira car vraiment ce chapitre est d'anthologie.
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